Numérique : Pourquoi les startups gabonaises peinent à vendre leurs solutions aux entreprises et administrations

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mardi, 19 juillet 2022 09:09
Numérique : Pourquoi les startups gabonaises peinent à vendre leurs solutions aux entreprises et administrations

(Le Nouveau Gabon) - En plus du manque de financements, les startups évoluant dans le secteur du numérique au Gabon rencontrent d’autres difficultés qui, d’après elles, freinent le développement de leurs activités. Il s’agit entre autres de leurs difficultés à vendre leurs produits et solutions auprès de potentiels clients. « On est sur un marché qui contient environ 400 leads (potentiel client NDLR). Mais, ce marché est quasiment monopolisé par les grandes entreprises qui ont été pionnières dans le domaine. Elles sont aujourd’hui 2 ou 3 à se partager un marché d’environ 400 à 500 entreprises. Ce qui est une répartition illégale quand on connaît le nombre d’entreprises dans le monde du digital gabonais », se plaint Hélène Taty, fondatrice de Adia conseils, une société spécialiste en gestion de système d’information. La patronne d’Adia conseil s’exprimait ainsi en marge de « la Matinée du numérique » organisée le 1er juillet 2022 par Okoume Capital.

Eliol Trancy Lebissa, manager de Identitysesu, connaît des problèmes similaires. Sa structure propose une solution de sécurité informatique pour les entreprises, administrations et startups. « Nous sommes une startup qui propose une solution dans le domaine des nouvelles technologies. Mais, l’Agence nationale des infrastructures numériques et des fréquences (Aninf) est une institution qui joue pratiquement le même rôle. Et donc, on se retrouve dans une situation où l’Aninf nous fait une barrière. Parce que si nous en tant que startup, nous proposons notre solution à une administration, elle ne sera pas prise en compte sauf si c’est l’Aninf qui la propose », déplore-t-il.

Cette difficulté à gagner des parts de marchés est due notamment au manque de confiance que les populations et les potentiels clients affichent vis-à-vis de ces start-ups dont ils doutent encore des compétences. « En tant que jeune entreprise, les entreprises sont réticentes quand je leur présente mes produits. Parce qu’elles sont déjà habituées à travailler avec un certain type d’entreprises. Elles sont réticentes à découvrir de nouveaux produits, de nouvelles solutions. Pourtant, j’ai une solution qui répond tant aux petites qu’aux grandes entreprises », regrette Hélène Taty.

Ce manque de confiance, selon Eliol Trancy Lebissa, est un réel handicap pour le développement de leurs activités. « On a une solution qui répond à un besoin, celui de la sécurité des individus. Mais, à la limite, les gens n’y croient pas, les gens ne veulent même pas en entendre parler. Ce qui est un handicap pour obtenir certaines informations utiles pour développer notre activité dans le pays. On fait également face à des lourdeurs administratives », affirme-t-il.

Attentes

Face à ces difficultés, les start-ups travaillent au quotidien pour glaner quelques parts de marché. Mais, pour cela, il faut que les entreprises ou les potentiels clients leur fassent confiance et leur donnent une chance. « Je veux une ouverture d’esprit. Je veux qu’elles puissent se rendre compte de la diversité d’offres qu’il y a sur le marché, et de l’expertise des entreprises locales. Qu’elles nous fassent confiance et nous donnent la chance de pouvoir proposer aussi nos solutions. Car, si on n’avait pas donné la chance à ces pionniers, ils ne seraient pas là où ils sont aujourd’hui. Et si l’une des grandes entreprises clientes nous fait confiance, les autres vont suivre », indique Hélène Taty.

Pour sa part, Eliol Trancy Lebissa, espère avoir la possibilité de tester sa solution dans des commissariats. « Qu’on nous ouvre le marché sur lequel on s’attaque. Aussi, je souhaite que l’Aninf puisse mettre en place des mécanismes pour collaborer avec des start-ups comme nous, quitte à ce que ce soit elle qui porte les projets que nous développons », propose-t-il.

Pour Francis Edgard Sima Mba, consultant international en stratégie, les startuppeurs gabonais démarrent encore leurs activités et ont besoin de l’expérience pour développer leur carnet d’adresses et la confiance des clients. « Les entrepreneurs doivent penser grand, mais commencer petits. Accepter de gravir les échelons pour apprendre de leurs erreurs et se faire un nom, créer leur carnet d’adresses. On ne devient pas grand dès le début », explique Francis Edgard Sima Mba. Ce consultant conseille aux startups qui évoluent dans le même secteur d’unir leur force et travailler ensemble. Elles doivent également d’après lui, travailler sur leur image de marque et professionnaliser leur communication. « Parce que ces entrepreneurs ne communiquent pas assez. Ils ont un concept minimaliste de la communication. Pour être présent face à la concurrence, il faut communiquer régulièrement sur leur compétence. Ils doivent aussi rester professionnels et respecter leur cahier de charge, tenir un langage de vérité et mettre l’accent sur la communication de réseau », affirme-t-il. Francis Edgard Sima Mba conseille également aux startups de chercher à s’internationaliser notamment sur le marché régional.

Sandrine Gaingne

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