(Le Nouveau Gabon) - La Cour de cassation a rejeté, ce 25 février 2022, la demande d’expertise médicale du président Ali Bongo, introduite par le collectif « Appel à agir » il y a plus de deux ans. Ce mouvement a saisi la justice parce qu’il doute de la capacité du président Ali Bongo à continuer à gouverner le pays après avoir été victime d’un AVC en 2018.
« L’assemblée plénière de la Cour de cassation vient de mettre définitivement fin à cette cabale judiciaire orchestrée par le groupe “Appel à agir” qui tentait illégalement d’obtenir une expertise médicale du président de la République », a affirmé au sortir de l’audience Me Aimery Bhongo-Mavoungou, un des avocats d’Ali Bongo.
« Après avoir multiplié des recours inutiles, l’assemblée plénière de la Cour de cassation, qui est la juridiction suprême, a en effet estimé qu’aucune des conditions prévues par le code de procédure civile et la loi qui organise la justice au Gabon ne permettaient à “Appel à agir” de remettre en question la décision par laquelle la même Cour de cassation avait annulé l’arrêt de la Cour d’appel judiciaire de Libreville qui avait demandé que le chef de l’État se présente devant sa juridiction », explique le conseil d’Ali Bongo.
Pour Me Aimery Bhongo-Mavoungou, cette décision de la Cour permet d’affirmer « sans coup férir que le président de la République est bel et bien en forme et que rien ne pourrait l’empêcher d’exercer pleinement sa magistrature comme il le fait en ce moment ». Le collectif « Appel à agir » n’a pas encore réagi à cette décision.
Vacance du pouvoir
Le collectif « Appel à agir » n’a pas encore réagi à cette décision. Mais l’on sait déjà que l’avis de Me Aimery Bhongo-Mavoungou n’est pas partagé par une partie de l’opposition gabonaise. L’opposant Jean Ping estimait, dans une déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, le 19 février dernier, que le président Ali Bongo n’est plus en état de diriger le pays. Il avait pour cela demandé « aux institutions habilitées par la Constitution, de déclarer la vacance de pouvoir » et appelé « l’armée à prendre ses responsabilités ».
Suite à cette sortie du candidat malheureux de présidentielles de 2016, la présidence de la République n’avait pas réagi. « Nous n’y avons pas répondu, car nous n’y avons pas prêté beaucoup d’importance. La vacance du pouvoir, c’est un disque qui est raillé », a affirmé Jessye Ella Ekogha, porte-parole de la présidence de la République. Il répondait ainsi à une question d’un journaliste lors d’une conférence de presse, le 23 février dernier.
Pour le Porte-parole de la présidence de la République, Jean Ping est « en perte de vitesse » et cherche à travers cette déclaration, « à exister médiatiquement ». Car, « si on s’intéresse réellement au fond de sa déclaration, la vacance du pouvoir, c’est le fait qu’il n’y ait pas d’exercice de la fonction. Or aujourd’hui, on a tous vu le président de la République rencontrer et s’entretenir avec certaines des plus hautes personnalités de ce monde ».
Il faut dire en effet que malgré les doutes de certains opposants sur sa capacité à gouverner, Ali Bongo a effectué plusieurs voyages officiels à l’étranger ces derniers mois. Il reçoit des personnalités, préside des conseils des ministres… Il se préparerait d’ailleurs à se représenter à la présidentielle de 2023.
Sandrine Gaingne
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