(Le Nouveau Gabon) - Le président de la République, Ali Bongo Ondimba, a clôturé hier 23 février 2023, la concertation politique entamée 10 jours plus tôt entre les partis politiques de la majorité et de l’opposition. Dans son discours de clôture, il a promis que les propositions formulées par les partis politiques à l’issue des travaux « seront, dans le strict respect des règles, retranscrites dans notre droit positif, sous forme de lois ou autres », a-t-il affirmé.
Et pour « m’assurer, vous assurer, de l’effectivité de cette retranscription, un comité de suivi sera mis en place. Sa vocation est double : veiller à ce que toutes, je dis bien, toutes les propositions soient prises en considération ; et veiller à ce qu’aucune, je ne dis bien aucune, proposition ne soit dénaturée », a promis le chef de l’État.
Propositions
En effet, au cours de cette concertation politique, plusieurs propositions ont été faites par les partis politiques représentés par 70 délégués sur les 80 attendus. Selon Laurent Angue Mezui, l’un des co-rapporteurs pour l’opposition, les partis ont entre autres proposé que la durée de tous les mandats politiques soit harmonisée à cinq ans comme l’a suggéré le président de la République à l’ouverture des travaux de cette concertation politique. « Quelle que soit l’intention de la majorité, nous estimons que 5 ans, c’est mieux que 7 ans. C’est une proposition alléchante qu’ils nous ont faite, et on n’a pas lésiné sur les moyens pour donner notre accord total », a affirmé Théophile Makita Niembo, président du Rassemblement pour l’alternance pacifique et l’indépendance démocratique (RAPID).
Aussi, les partis politiques se sont accordés sur le maintien de la non-limitation des mandats politiques. Cependant, l’opposition espère que cette disposition sera revue. « Nous pensons qu’il est temps aujourd’hui qu’on limite les mandats. Donc, il est important que les partis de la majorité et de l’opposition conviennent de ce que quand quelqu’un est élu, que ce soit pour deux mandats », a affirmé Théophile Makita Niembo.
Ils se sont également accordés pour la baisse du montant de la caution de candidature aux élections présidentielles, sénatoriales, législatives et locales. Soit, de 20 millions de FCFA à 10 millions de FCFA pour les candidats à la présidence de la République, de 500 0000 FCFA à 350 000 FCFA les élections législatives et sénatoriales, et de 350 000 FCFA à 250 000 FCFA pour les élections locales.
Les partis politiques ont aussi trouvé un consensus pour le passage du délai d’enrôlement de 45 à 30 jours, la nomination des sénateurs par le président de la République de manière équitable entre les deux camps politiques, l’accord sur l’achèvement du chantier de l’introduction de la biométrie dans le processus électoral, l’accord de principe sur l’examen des mesures d’apaisement, le maintien du statu quo pour le financement des campagnes électorales, et l’adoption du scrutin à un tour pour toutes les élections politiques…
Réflexions approfondies
Malgré ces consensus trouvés au cours de la concertation politique, plusieurs points sont restés en suspens. Notamment, la problématique du financement des partis politiques et leurs réformes, la possibilité pour les citoyens-électeurs de s’inscrire en tous lieux du territoire, à l’instar de ce qui se fait déjà pour la radiation, et l’assouplissement des conditions d’organisation des réunions publiques par la modification des textes législatifs et réglementaires y relatifs… Sur ces points, des réflexions seront approfondies dans le cadre du comité de suivi mis en place par la concertation, a-t-on appris.
Cependant, sur la question de l’élection du président de la République par les grands électeurs (élus du peuple) proposée par la majorité, l’opposition s’est opposée. « Nous avons tout de suite rejeté cette proposition. Parce que nous estimons que dans un État comme le nôtre, on est trop jeune pour laisser la responsabilité à 143 personnes pour désigner à eux seuls un chef d’État, parce que nous savons comment ces 143 personnes sont élues. Si nous avions les mêmes moyens, il n’est pas évident que ces 143 personnes seraient à l’Assemblée nationale. Tant que les élections ne sont pas transparentes au Gabon en termes de limitation de fonds de campagne, il est hors de question que les députés aillent élire les chefs d’État », a commenté le président du parti Rapid.
Ainsi, la concertation politique s’est achevée avec toutes ces propositions, qui, comme l’espèrent les partis politiques de la majorité et de l’opposition, permettront au Gabon d’avoir des élections apaisées au cours des prochains mois.
Sandrine Gaingne
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