(Le Nouveau Gabon) - Selon le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), qui a tenu sa 2e session ordinaire de l’année 2023 ce 26 juin, le taux d’inflation dans la zone Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale) est désormais projeté à 6,1% en 2023. Cette prévision est en léger recul par rapport à la projection de 6,4% faite lors de la session du CPM de mars 2023. Mais, en dépit du léger ralentissement des tensions inflationnistes projeté par le CPM, cet indicateur demeure largement au-dessus du seuil de 3% toléré dans la zone Cemac.
Aussi, dans le cadre du pilotage de la politique monétaire, la banque centrale des pays de la Cemac envisage-t-elle la possibilité d’accentuer les ponctions hebdomadaires de liquidité opérées chaque semaine dans les coffres-forts des banques, afin de continuer à combattre l’inflation, laisse entendre le gouverneur de la Beac. Abbas Mahamat Tolli s’exprimait ainsi au cours de la conférence de presse ayant sanctionné la session du CPM de ce 26 juin 2023.
En effet, confie le gouverneur de la Beac, malgré le durcissement de la politique monétaire ces derniers mois, à travers notamment des relèvements répétés des taux directeurs de la banque centrale et la suspension des opérations d’injection de liquidité dans le système bancaire, les transactions interbancaires dans la zone Cemac ont augmenté. En d’autres termes, face aux difficultés à se refinancer auprès de la banque centrale, les banques ont densifié les prêts interbancaires pour pouvoir se financer entre elles. Ce qui leur permet de continuer à financer les agents économiques, dans un contexte où la banque centrale, à travers sa politique monétaire restrictive, manœuvre plutôt pour un durcissement des conditions d’accès aux crédits bancaires, à l’effet de lutter contre l’inflation.
Taux directeurs
Pour freiner cet élan des banques, la Beac n’exclut donc pas la possibilité d’accroître le volume ou alors le rythme des ponctions hebdomadaires de liquidité dans les coffres des établissements de crédit en activité dans la zone Cemac. Par ce mécanisme, peut-on analyser, la banque centrale des pays de la Cemac entend pouvoir influencer la proportion de 20% de l’inflation, qui selon le gouverneur de la Beac est d’origine monétaire.
En revanche, après quatre augmentations de ses principaux taux directeurs depuis 2021, à l’effet de contenir l’inflation consécutive à la période post-Covid, puis la crise russo-ukrainienne ; la Beac a décidé cette fois-ci de maintenir inchangés lesdits taux. « L’analyse que nous avons de la conjoncture aussi bien internationale qu’au sein de la Cemac nous amène à les maintenir. (…) Les différentes augmentations des taux directeurs effectuées jusqu’ici nous ont conduits à une tendance baissière de l’inflation. Nous sommes dans une posture d’observation (…) La situation actuelle de l’inflation n’est pas terrible au point de nécessiter une augmentation des taux ni particulièrement optimiste pour les baisser », explique le gouverneur de la Beac.
À en croire Abbas Mahamat Tolli, cette posture de la banque centrale tient d’un certain nombre de paramètres qui sous-tendent la légère embellie observée autour du taux d’inflation. Il s’agit principalement de la baisse des cours mondiaux des matières premières importées par la Cemac, suite à la normalisation de la chaîne logistique mondiale restée perturbée pendant la période post-Covid. Cette situation a eu pour conséquence le renchérissement des coûts des matières premières et du fret maritime, avec pour corollaire l’explosion des coûts de production des entreprises et l’inflation dans les marchés, que la Beac s’emploie depuis des mois à contenir.
Brice R. Mbodiam
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