Conflit homme-éléphant: les populations de villages Bissobinam et No Ayong expérimentent les barrières électriques

Agro & Bois
lundi, 18 septembre 2023 14:30
Conflit homme-éléphant: les populations de villages Bissobinam et No Ayong expérimentent les barrières électriques

(Le Nouveau Gabon) - Pour repousser les éléphants des plantations, plusieurs clôtures électriques ont été installées dans les villages Bissobinam et No Ayong, département de la Noya dans la province de l’Estuaire comme dans plusieurs localités du Gabon, a-t-on constaté au cours d’une récente visite dans ces localités. Ces barrières qui produisent une décharge électrique capable d’effrayer les éléphants d’après les populations, prouvent au quotidien leur efficacité.

« Ces fils électriques ont repoussé des éléphants de ma plantation et depuis un an, je parviens à consommer le peu de manioc que j’ai planté derrière ma maison. J’entrevois même aujourd’hui d’étendre ma plantation et pour cela, je vais une nouvelle fois faire appel à l’équipe du ministère pour qu’on m’installe de nouveau des fils électriques. Je suis contente de ce dispositif, mais, j’aurais souhaité faire de grandes plantations au lieu de me limiter aux petites plantations derrières la maison », témoigne Minkwé Eugenie, une cultivatrice dont la plantation de moins d’un hectare dans le village No Ayong a été encerclée par les fils électriques.

« Avant, on souffrait beaucoup à cause de la destruction de nos plantations par les éléphants. Mais, aujourd’hui, grâce à la barrière, on a de quoi se nourrir et gagner un peu d’argent », renchérit Hélène Misseng du village Bissobinam.

En effet, à en croire les populations de Bissobinam et No Ayong, la destruction de leurs plantations par les éléphants était devenue récurrente avant l’installation des fils électriques. Raison pour laquelle, elles ont abandonné leurs plantations situées dans les forêts pour cultiver près de leurs habitations. Ce qui a reduit leurs espaces cultivables sécurisés. « Avant, je vivais bien grâce à mes cultures. Je remplissais des camions de banane que je vendais. On avait de grandes plantations de bananes et de manioc en forêt. Ce qui m’a permis de construire ma maison. Mais, depuis l’arrivée des éléphants, nous avons été obligés de fuir pour nous contenter de petites plantations derrières nos habitations. Ce qui réduit considérablement nos productions. Et même à coté de nos habitations, les éléphants viennent détruire nos plantations si elles ne sont pas encerclées de fils électriques », se plaint Minkwé Eugenie.

Entretien des barrières

Les fils de la clôture électrique sont installés autour du champ, grâce à des supports (arbres ou poteaux) sur lesquels sont fixés des isolateurs, afin d’éviter le contact du fil avec les espèces végétales notamment. Et pour qu’elles soient efficaces, elles doivent être entretenues. « Pour entretenir ce dispositif, il faut couper régulièrement les herbes autour du périmètre de telle sorte que les fils électriques ne soient pas en contact avec aucune herbe et aussi, contrôler la tension des fils de la clôture trois fois par semaine », explique-t-on à Space For Giants (SFG). Un entretien qui, d’après les agriculteurs est difficile à faire dans une grande plantation. « Je n’ai pas les moyens pour entretenir les clôtures si elles sont installées dans la forêt sur un espace plus grand. Raison pour laquelle je me contente de mes petites plantations derrières ma case », regrette Minkwé Eugenie.

Au Gabon, les fils électriques sont installés autour des plantations par l’organisation kényane Space for Giants en partenariat avec le ministère des Forêts. D’après Space For Giants, les clôtures électriques mobiles quand elles sont entretenues, ont prouvé leur efficacité avec un taux de plus de 90% de succès. Au Gabon, l’on enregistre environ 300 clôtures électriques mobiles installées dans le pays depuis le mois de mars 2022, et une vingtaine de clôtures à haute spécification. SFG prévoit d’installer 500 clôtures électriques mobiles avant la fin de cette année 2023.

SG

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