(Le Nouveau Gabon) - Dans le projet de loi de finances 2025 actuellement en examen au Parlement gabonais, le gouvernement a introduit une taxe de 0,5% sur les transferts d'argent via les opérateurs de téléphonie mobile. Une mesure qui suscite la colère des consommateurs.
Pour Gildas Ndzengue Mbomba, président de l’Association gabonaise des utilisateurs de banques (Agub), cette mesure limitera l’inclusion financière et la capacité d’achat des ménages. « Taxer les dépôts, c’est décourager les abonnés à déposer leur argent dans le circuit économique formel, c’est favoriser l’utilisation du cash, ce qui serait une grossière erreur de la part de l’État, car cela contribuera à réduire le volume des transactions financières électroniques dans notre pays et engendrera, à une vitesse grand V, la création de réseaux de transfert d’argent parallèles dans l’informel », déplore-t-il. Par ailleurs, cette taxe contribuera davantage à la hausse du coût de la vie. Raison pour laquelle « nous ne voulons pas de cette nouvelle taxe », tranche-t-il.
Face à la polémique née de cette mesure, le Directeur général de l’Économie et de la politique fiscale, Jean-Baptiste Ngolo Allini, apporte quelques éclairages. Dans un entretien accordé au quotidien L’Union, il explique que cette mesure n’aura un impact que sur une partie de la population. Car, « la taxe porte uniquement sur les transactions financières électroniques supérieures ou égales à 10 000 FCFA. Ce choix, qui consiste à exonérer les plus petites transactions, vise à atténuer les éventuels impacts négatifs de la taxation du mobile money sur l’inclusion financière en épargnant les ménages les plus vulnérables. » À l’en croire, le volume des transactions financières électroniques supérieures ou égales à ce montant ne représente que 28% des transactions effectuées via le mobile money. Autrement dit, « 72% de l’ensemble des transactions financières faites à partir des sociétés de messagerie électroniques sont en dessous de 10 000 FCFA et ne sont donc pas concernées par le prélèvement », explique-t-il tout en précisant que, lorsqu’on observe la structure des dépenses des ménages, il ressort que 2% seulement de leurs dépenses sont effectuées avec pour support la monnaie électronique. Ce qui montre que les Gabonais préfèrent les transactions en espèces.
Cette mesure est prise par le gouvernement dans le but de créer de nouvelles recettes qui lui permettront de financer les projets de développement prévus dans le Plan national de développement de la transition (PNDT). Avec l’application de cette taxe, le Gabon rejoindra en 2025 les pays africains l’ayant déjà introduite depuis quelques années, notamment la République centrafricaine et le Congo-Brazzaville avec des taux fixés à 1%, ainsi que le Cameroun où le taux est de 0,2%.
SG
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