(Le Nouveau Gabon) - Le rapport de l’Agence française de développement (AFD) sur les libertés numériques dans les pays francophones d’Afrique, publié en mai 2023, classe le Gabon parmi les pays « partiellement libres » en matière de liberté sur Internet. Selon le document, les libertés numériques sont « particulièrement en difficulté » dans ce pays, en raison notamment des coupures d’Internet au moment des élections (lors de la présidentielle de 2016 par exemple), du déploiement de lois sur la cybersécurité qui sont souvent instrumentalisées à l’encontre de journalistes, défenseurs des droits humains et citoyens critiques du gouvernement, et du recours à des outils de surveillance et d’interception de réseaux.
L’AFD s’inquiète par exemple de l’ordonnance du 23 février 2018 portant réglementation de la cybersécurité et de la lutte contre la cybercriminalité au Gabon qui contraint les opérateurs et fournisseurs de services de communications électroniques à installer des mécanismes de surveillance de trafic des données de leurs réseaux. « Ces données peuvent être utilisées lors d’investigations judiciaires », déplore le rapport. L’institution française salue toutefois le taux de pénétration de l’Internet dans le pays (la proportion d’internautes est passée de 48 % à 62 % entre 2016 et 2020), la mise en place des infrastructures de réseau haut débit à fibre optique ou encore la forte baisse des tarifs Internet et l’amélioration de la qualité du réseau.
Dans son classement, l’AFD attribue des points de 1 à 100 pour des taux plus élevés de violations des libertés numériques. Le Gabon récolte ainsi une note de 45 sur 100. La note est décernée selon trois catégories de critères. D’abord, les obstacles à l’accès (qualité des infrastructures, coût de l’accès à Internet, cadre réglementaire, indépendance des FAI…) où le pays obtient 17 points sur 25 possibles. Ensuite, les limites au contenu (blocages, filtrage, censure ou autocensure…) où le Gabon obtient 14 points sur 35 possibles. Enfin, les violations des droits des utilisateurs (restrictions de l’activité en ligne, surveillance, atteintes à la vie privée, répression de la liberté d’expression…) où le pays obtient 14 points sur 40 possibles.
Ce rapport dresse un état des lieux des libertés numériques dans 26 pays francophones en Afrique et a notamment pour but de compléter l’étude annuelle Freedom of the Net, en y intégrant des pays qui n’étaient pas couverts jusqu’à présent. L’AFD explique avoir suivi la méthodologie définie par l’organisation américaine Freedom House qui publie un rapport annuel sur l’état de la liberté sur Internet dans le monde. Selon le rapport, les pays garantissant le plus grand niveau de liberté concernant Internet sont l’île Maurice (96/100) et les Seychelles (84/100). A contrario, la Guinée équatoriale (6/100), le Tchad (11/100), Djibouti (20/100), le Burundi (30/100), le Cameroun (30/100), la République centrafricaine (30/100) et le Rwanda (30/100) sont les pays où les libertés numériques sont « gravement en difficulté » et sont considérés comme « non-libres ».
Patricia Ngo Ngouem