(Le Nouveau Gabon) - Le parquet de Mouila a ouvert une enquête sur la mort de Glenn Moundende Patrick, un présumé preneur d'otage, tué par balles par les forces de sécurité à Mouila. L’information est donnée par Roger Daniel Nguema Ondo, procureur de la République près le Tribunal de Première instance de Mouila, dans une déclaration ce 25 juillet 2023.
Les premiers éléments de cette enquête ouverte révèlent que les blessures occasionnées ne sont que la riposte des agents des forces de l’ordre face à son refus d’obtempérer. Ce, malgré toutes les « négociations » entreprises « même par le biais de ses parents », regrette le procureur de la République près le Tribunal de Première instance de Mouila.
Selon ce dernier, tout a commencé le 18 juillet 2023 à Mandji Ndolou dans la province de la Ngounié. Le jeune Glenn Moundende, armé d'un fusil de type calibre 12, a procédé à l’enlèvement de deux employés de la société Addax Petroleum, puis, les a conduits dans une forêt avoisinant le site.
Le 19 juillet 2023, autour de minuit, pendant la patrouille effectuée par des gendarmes pour retrouver et de libérer les deux otages, l’un des gendarmes a reçu des coups de feu au niveau du genou gauche, tiré par Glenn Moundende, relate le procureur de la République près le Tribunal de Première instance de Mouila. Ce gendarme a été évacué à Port-Gentil pour une opération chirurgicale à la suite des blessures occasionnées. Au cours de cette intervention, les deux employés ont été retrouvés sains et saufs.
Le lendemain, autour de 6 heures du matin, Glenn Moundende va faire irruption cette fois, sur le site de Perenco où il va enlever une employée de la société avec qui il s’est réfugié pendant plus d’un jour dans une forêt proche du site pétrolier. « Celle-ci a finalement été libérée dans la nuit du 20 juillet 2023 à la suite d’une autre patrouille en état de choc psychologique. Elle a été transportée à Port-Gentil pour une prise en charge, et a déclaré avoir été victime de violences sexuelles », poursuit-il.
Par la suite, le ravisseur est rattrapé par les forces de l’ordre le 21 juillet 2023 en forêt. Au cours de son interpellation, celui-ci a été grièvement blessé et conduit aussitôt dans une structure sanitaire à Lambaréné où son décès a été constaté, relate Roger Daniel Nguema Ondo.
Suite à ce drame, le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, s’est rendu à Port-Gentil, chef-lieu de la province de l’Ogooué Maritime, où il a rencontré les deux gendarmes blessés au cours de l’opération ainsi que l’une des otages séquestrées durant 48 heures. « Son témoignage, poignant, m'a profondément touché, de même que son courage et sa dignité malgré la dureté de l'épreuve », a commenté le chef de l’Etat sur Facebook.
Indignation
Ce drame a suscité une indignation collective au Gabon. Plusieurs Gabonais auraient souhaité que Glenn Moundende soit arrêté vivant. Pour des opposants au régime à l’instar du président du Parti social-démocrate (PSD), Pierre-Claver Maganga Moussavou, c’est un « assassinat ». Pour lui « abattre un concitoyen même armé, surtout que vous avez réussi à le désarmer… est une lâcheté ».
Des réactions et bien d’autres qui n’ont pas tardé à faire réagir, notamment sur Twitter et sur Facebook la présidence de la République et des membres du gouvernement qui accusent l’opposition d’instrumentalisation, étant donné que cet incident intervient dans un contexte électoral. « Il est impératif pour chacun d’entre nous de dénoncer fermement la manipulation perverse qui glorifie une agression sexuelle et une prise otage comme un acte héroïque. Ce n'est pas une histoire à célébrer, mais une atrocité à condamner. Que justice soit rendue aux victimes et que de tels actes abominables ne soient jamais glorifiés », s’est indigné le ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement, Rodrigue Mboumba Bissawou.
Dans la même veine, Jessye Ella Ekogha, Porte-parole du président de la République critique les agissements de certains hommes politiques dans cette affaire. « Au nom de petits calculs personnels, certains n'hésitent pas à souffler sur les braises de la violence et monter la population contre ceux chargés de les protéger. C'est dans ces situations que l'on distingue l'homme d'État du politicien, le responsable de l'irresponsable ».
Pour sa part, le procureur de la République près le Tribunal de Première instance de Mouila, invite les populations à ne pas se laisser « impressionner » par des déclarations visant à dénaturer les faits. L’enquête ouverte permettra certainement d’établir les responsabilités de chacun.
SG