(Le Nouveau Gabon) - Une récente enquête menée par des équipes du ministère de la Santé en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l’interdiction de l’importation des produits contenant du mercure au Gabon, ainsi que la réduction, voire l’arrêt de l’utilisation de ces produits dans les soins dentaires.
Une recommandation faite en raison des « graves conséquences du mercure sur la santé. À cause de cela, la tendance aujourd’hui, au niveau international, est de réduire ou même d’éliminer l’utilisation des produits contenant du mercure. Et le Gabon, étant un État partie de la convention de Minamata, qui vise la protection de la santé des populations par rapport à l’utilisation du mercure, a l’obligation de travailler à diminuer ou à éliminer l’utilisation du mercure », explique le Dr Bakary Ozavino, médecin de santé publique. Ce dernier fait partie de l’équipe qui a mené cette enquête sur les risques du mercure dans les établissements de soins entre septembre et octobre 2022.
En effet, le mercure selon les spécialistes de la santé est présent dans des thermomètres à mercure et est encore très utilisé par les dentistes dans le traitement de la carie dentaire. « On devrait faire l’effort de ne plus utiliser le thermomètre à mercure dans nos formations sanitaires. Mais, plutôt des thermomètres électroniques qui ne contiennent pas de mercure. Un autre exemple : quand quelqu’un a un trou dans la dent, à l’hôpital, on dit qu’on lui a plombé la dent. En fait, ce qu’on utilise là, ce n’est pas du plomb. Mais, c’est un matériel appelé l’amalgame qui contient également du mercure. Il ne devrait plus être utilisé », poursuit le Dr Bakary Ozavino.
Ces produits à base de mercure selon les médecins peuvent avoir des effets toxiques sur les systèmes nerveux digestifs, immunitaires et sur les poumons, les reins, la peau, les yeux. Ils peuvent également entraîner des retards de croissance, des troubles neurologiques et comportementaux se traduisant par des tremblements, des insomnies, des pertes de mémoire, des maux de tête et dysfonctionnement moteurs et cognitifs…
Cependant, même si les médecins et autres personnels de santé sont conscients de tous ces dangers pour la santé humaine, le mercure est toujours utilisé dans les formations sanitaires en raison notamment des coûts. En effet, ces produits importés de France, d’Europe, de la Chine, des États-Unis, de la Turquie et du Maroc sont moins élevés par rapport aux solutions alternatives proposées. Par exemple, « une boîte de 50 capsules d’amalgame (mercure) coûte 40 000 FCFA tandis qu’un coffret de ciment ionomères avec fluor qui est l’une des alternatives proposées par l’enquête coûte 120 000 FCFA », soutient-on.
Mais, pour l’OMS et le ministère de la Santé, « la santé n’a pas de prix. Car, lorsque quelqu’un est contaminé ou décède du mercure, l’impact devient plus couteux », soutient le Dr Inoua Aboubacar, point focal santé environnement OMS. De l’avis de Magaran Monzon Bakayoko, représentant résident de l’OMS au Gabon, « il faut prendre conscience que nous devons éradiquer ce produit ». Ce qui passe par l’interdiction de l’importation de l’amalgame.
Mais en attendant cette interdiction, le ministère de la Santé s’engage à lutter contre l’usage du mercure dans les établissements de soins à travers notamment des opérations de sensibilisation ainsi que la mise en place des mesures réglementaires spécifiques.
Sandrine Gaingne