(Le Nouveau Gabon) - Suite au discours de fin d’année du président de la République, Ali Bongo Ondimba, épinglant, entre autres, les grèves à répétitions des fonctionnaires des régies financières, la Fédération des collecteurs des régies financières (Fecorefi) a réagi à travers son porte-parole, Sylvain Ombindha.
« Sans dialogue et dans un mépris déconcertant on ose faire dire par le Chef de l’Etat que certaines revendications des Régies Financières ont été satisfaites, nous voulons savoir lesquelles. Quelles sont les revendications qui ont été résolues ? Le fichier des primes a-t-il été nettoyé ? Le dialogue est-il effectif entre le gouvernement, censé mettre en musique la politique du président de la République, et les partenaires sociaux ? […] Nous l’avons tous entendu, ils n’ont rien à faire du dialogue social, ils ont trouvé les responsables et boucs-émissaires de leur inconséquence. Pour les partenaires sociaux des régies financières il n’est plus question de tergiverser mais d’être plus ferme que jamais afin de ramener l’accalmie et la sérénité au sein des mamelles de l’Etat. 2022 s’annonce très mouvementé », déclare le porte-parole de la Fecorefi.
Selon la Fédération, les fonctionnaires des régies financières ne sont pas responsables de la situation financière dans laquelle se trouve le pays. Encore moins des détournements et autres malversations impunis et entretenus par certaines « grosses légumes tapis dans les arcanes du pouvoir ». Au contraire, indique le mouvement syndical, la Fecorefi dénonce les dépenses fiscales outrancières, la démobilisation et la démotivation des agents causée par le silence méprisant du gouvernement
« N’ayons nullement la mémoire sélective. En 2017, les agents des Régies financières ont dû renoncer à 48 milliards FCFA sur un stock d’arriérés de primes de 64 milliards FCFA afin d’aider notre pays à faire face à la forte crise économique qui sévissait. En ce moment les partenaires sociaux étaient-ils irresponsables ? Lors du premier accord avec le FMI sur le mécanisme élargi de crédit qui exigeait de notre pays des mesures dites d’austérité, les Régies financières ont répondu à l’appel de la République en soutenant ces mesures et en y concédant une décote sur l’enveloppe des primes de plus de 30%, était-ce irresponsable de leur part ? », déclare Sylvain Ombindha.
Il ajoute : « En 2020, la Fédération des collecteurs des régies financières interpellait les plus hautes autorités du pays en tête desquelles le Président de la République, Chef de l’Etat sur l’impérieuse nécessité de nettoyer le fichier du personnel et des primes qui permettait à l’État de réaliser des économies de plus de 1 milliards FCFA sur l’enveloppe à payer. Était-ce irresponsable de leur part ? ».
Discours présidentiel et revendications corporatistes
Le 31 décembre dernier, le président Ali Bongo Ondimba a notamment épinglé les régies financières qui selon lui, sont irresponsables en engageant des mouvements de grèves alors que le pays est plombé économiquement dans une crise sanitaire inédite.
« Les régies financières, elles aussi, se sont mises en grève. Une fois de plus, quand bien même, certaines de leurs revendications ont été satisfaites. Or, cette grève n’est pas sans conséquence pour notre économie, déjà fort impactée par la crise sanitaire. Elle provoque des pertes financières et de graves perturbations dans le fonctionnement de l’Etat. Il devient plus difficile d’assurer les salaires de nos médecins ou de nos enseignants, de régler les pensions de nos retraités, de financer les médicaments pour les Gabonais économiquement faibles. Pourquoi rajouter de la difficulté à la difficulté ? La situation n’est-elle pas déjà assez difficile ? Ce sont les fonctionnaires qui sont au service de l’Etat et non l’Etat qui est au service des fonctionnaires […] J’ose le dire : c’est déplorable et irresponsable », a déploré le chef de l’Etat.
La Fecorefi, elle, revendique le versement de l’Intéressement spécifique (IS) et la Prime à la performance budgétaire (PPB), établis par deux décrets signés par le président de la République en décembre 2020. Pour cela, la Fecorefi a donné huit jours depuis le 12 novembre dernier au gouvernement pour régler ces problèmes. N’ayant pas obtenu satisfaction, les agents de l’administration réunissant les Douanes, Impôts, Hydrocarbures et le Trésor public sont entrés en grève illimitée depuis le 24 novembre 2021.
Sylvain Andzongo