(Le Nouveau Gabon) - Le 19 août, le ministre des Mines et de la Géologie, Chen Sylvestre Mezui M’Obiang, a mis en garde les opérateurs économiques et les exploitants de matériaux de carrière sur l’extraction illégale du sable à Port-Gentil, chef-lieu de la province de l’Ogooué-Maritime. Le membre du gouvernement a tenu à leur préciser que l’exploitation du sable n’est pas interdite au Gabon, « mais qu’elle est désormais limitée aux bancs de sable situés près de la côte, excluant toute forme d’exploitation sur la terre ferme ».
En 2015, le président Ali Bongo Ondimba avait pris un décret suspendant toute exploitation du sable sur le continent au Gabon. La même année, le 15 décembre, le ministère des Mines avait pris un arrêté portant interdiction des activités d’exploitation des matériaux de carrière dans la zone de l’île de Mandji sur laquelle est construite la ville de Port-Gentil. Le texte précisait que l’exploitation des matériaux de carrière dans cette zone est « incompatible avec la protection de l’environnement dans la province de l’Ogooué-Maritime ».
L’année suivante, le gouvernement a confirmé l’interdiction d’exploiter les matériaux de carrière (sable, latérite, grès, calcaire, etc.) dans les zones à risque, notamment dans le nord de Libreville (province de l’Estuaire) et à Port-Gentil. L’interdiction visait à protéger les littoraux, le Gabon étant présenté comme un modèle de préservation de l’environnement. Mais les pouvoirs publics reprochent aux populations d’user de stratagèmes pour exploiter le sable, alors que l’environnement n’est pas propice à cette activité.
Cas de l’île Mandji
« Malheureusement, les populations utilisent des techniques peu orthodoxes en passant par des canaux approuvés pour le curage, transformant ainsi cette activité en une exploitation illégale du sable », affirme le ministre des Mines. Selon Chen Sylvestre Mezui M’Obiang, l’exploitation « anarchique » se poursuit sur l’île de Mandji, malgré les avertissements et les alertes émis par les autorités, y compris son département ministériel. « Le canal initialement destiné au curage est devenu un lac circulaire qui pose des problèmes à l’Etat, les habitants et la science, qui plaident en faveur d’une utilisation plus responsable du sable sur l’île de Mandji », rapporte le ministère sur sa page Facebook.
Aussi, le membre du gouvernement a-t-il rappelé aux opérateurs économiques et aux exploitants de matériaux de carrière les procédures, les lois et les réglementations en vigueur en matière de gestion et d’exploitation du sable sur cette île.
Au Gabon, la forte demande en sable, ingrédient essentiel à la production du ciment pour le béton, a provoqué le développement de filières illégales d’extraction, contribuant notamment à la détérioration des écosystèmes. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP, sigle en anglais) affirme que l’extraction de sable, si elle n’est pas gérée correctement dans les zones où les écosystèmes sont fragiles, peut avoir des effets négatifs sur l’environnement.
« L’extraction de sable à partir d’une plage peut, par exemple, non seulement conduire à la destruction de la biodiversité locale, mais peut aussi réduire les possibilités de tourisme », selon cet organisme onusien. La récente descente du ministre des Mines sur des sites d’exploitation illégale de sable à Port-Gentil visait deux objectifs, apprend-on. Il était ainsi question de « résoudre non seulement le problème de l’exploitation illégale du sable, mais également trouver des zones appropriées pour l’exercice de cette activité », l'ambition du gouvernement étant de réguler cette activité.
P.N.N