(Le Nouveau Gabon) - Le général Brice Oligui Nguema a été formellement désigné « président de la transition » au Gabon, a annoncé le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) dans un communiqué lu à la télévision. La désignation de cet officier supérieur de l’armée s'est faite « à l’unanimité », à l’issue « d’une réunion à laquelle ont pris part tous les commandants en chef, les chefs d’état-major, ainsi que les généraux en deuxième section », a déclaré le colonel Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, porte-parole du CTRI qui réunit les forces de défense et de sécurité qui ont pris le pouvoir au Gabon ce mercredi 30 août, après un coup d’Etat.
Déjà, quelques heures après le putsch, le général Brice Oligui Nguema était porté en triomphe par des éléments de la Garde républicaine (GR). « Oligui, président ! », scandent les militaires, dans une vidéo diffusée en boucle sur les chaînes de télévision publique Gabon 24 et Gabon 1ère. Jusqu’à ces évènements, il est le chef de la Garde républicaine (GR), une unité chargée de la protection du président de la République. Ce fils d’officier, formé à l’Académie royale militaire de Meknès au Maroc, a pris il y a deux ans les rênes de cette unité affectée à la sécurité d’Ali Bongo Ondimba, dont il est le cousin.
Avant sa nomination à ce poste, il avait travaillé comme attaché militaire à l’ambassade du Gabon au Maroc et au Sénégal pendant une dizaine d’années. Il y avait été déployé après l’accession à la magistrature suprême de Ali Bongo Ondimba en septembre 2009. Certains voyaient dans son détachement un « exil », en raison notamment de relations tendues à ce moment-là entre lui et le président déchu.
Premières mesures
Brice Oligui Nguema est connu pour avoir travaillé avec Omar Bongo Ondimba jusqu’à sa mort en juin 2009. Il a en effet été l’un des aide-camp du défunt président gabonais et père de Ali Bongo Ondimba. Dans une interview exclusive au journal français Le Monde, l’officier supérieur confirme sa participation au coup d’État en cours. Sur les raisons qui ont motivé ce coup de force, il évoque « une grogne » au Gabon et « la maladie du chef de l’État », victime d’un AVC en octobre 2018.
« Tout le monde en parle, mais personne ne prend ses responsabilités. Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat. La Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc, l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités », déclare celui qui a été désigné à la tête du CTRI pour conduire le Gabon. Jusqu’à quand ? Le communiqué des putschistes ne le précise pas.
Mais à peine désigné président de la transition, le nouvel « homme fort » du Gabon a ordonné « la reconnexion de la fibre optique » et « le rétablissement des signaux des chaînes radio et télévisée internationales sur les différents bouquets de diffusion existant au Gabon (RFI, France 24 et TV5Monde notamment, NDLR) », deux mesures prises par le gouvernement d’Ali Bongo après le scrutin de samedi. Toutefois, le couvre-feu, effectif depuis le 27 août dernier dans le pays, « reste en vigueur de 18h à 6h du matin, jusqu’à nouvel ordre », dit-il.
Le général Brice Oligui Nguema a pris « l’engagement » de préserver l’outil économique, « garant d’une prospérité sociale », selon lui. Il est convaincu que c’est « une nouvelle ère » qui s’ouvre pour le Gabon. Il promet de garantir la paix, la stabilité et la dignité du pays, alors que les condamnations se multiplient après le coup de force contre Ali Bongo Ondimba. Ce dernier venait d’être déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 26 août 2023 avec 64,27% des voix contre 30,77% pour l’opposant Albert Ondo Ossa, le candidat de la coalition Alternance 2023.
Patricia Ngo Ngouem
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