(Le Nouveau Gabon) - Depuis le 26 août dernier, Francis Nkea Ndzigue, le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance, fait de petites annonces dans les réseaux sociaux au sujet des détournements de deniers publics au Gabon.
Dans l’un de ses derniers tweets, il déclare : « Suite à la révélation de plusieurs cas de détournements de deniers publics perpétrés ces derniers temps au sommet de l’Etat, le ministre de la Promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption tient à rappeler que le président de la République conduit actuellement une politique de tolérance zéro à l’égard de la corruption et infractions assimilées. Autrement dit, tous les coupables seront soumis à la rigueur de la justice. Selon l’article 506 du Code pénal, le détournement de deniers publics est passible de la peine de vingt ans de réclusion criminelle au plus et de 100 000 000 FCFA d’amende au plus ».
@PBonneGOUVGA On entre dans l’Administration avec les poches trouées et on en sort avec des sacs remplis. Normal ou pas normal ? pic.twitter.com/SYURMfDH84
— Francis nkea (@francis_nkea) August 29, 2021
Le membre du gouvernement se garde pour l’instant de révéler de quels cas de détournements de deniers publics il s’agit. Il ne nomme personne mais il ne fait aucun mystère sur le fait que la Justice sera mise en branle contre les coupables. « En pleine relance économique, nous ne pouvons pas tolérer de tel comportement au sommet de l'Etat », indique le membre du gouvernement. Ce qui laisse présager qu’une opération de lutte contre les détournements de la fortune publique est en cours au Gabon. Mais les contours restent encore secrets.
Le membre du gouvernement rappelle alors les dispositions de la loi gabonaise : « Se rend coupable de corruption active toute personne qui propose ou remet un pot-de-vin sous quelque forme que ce soit à un fonctionnaire ou un agent public pour que celui-ci accomplisse ou s’abstienne d’accomplir un acte de sa fonction. La loi punit toute personne physique ou morale (une entreprise par exemple) qui a proposé ou remis un avantage quelconque à un agent public, un fonctionnaire, un membre de la force publique ou un magistrat pour obtenir de celui-ci une décision en sa faveur ou celle d’un tiers ».
Ces annonces de Francis Nkea Ndzigue interviennent près de cinq mois après que la Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite a lancé le 17 mars dernier à Libreville l’audit de 42 administrations. Les résultats de cet audit n’ont pas encore été rendus publics.
En effet, Francis Nkea Ndzigue a annoncé en début d’année que son département ministériel va procéder, en 2021, à la sensibilisation, au contrôle et à la sanction. « Nous allons privilégier le contrôle. Désormais la Navea [Autorité nationale de vérification et d’audit] fera le contrôle de ministère en ministère. La Navea ira de ministère en ministère pour vérifier les dotations budgétaires ; vérifier les encaissements et vérifier ce qui a été fait avec ces encaissements. Nous allons privilégier la sanction disciplinaire sur les agents publics », avait affirmé M. Nkea Ndzigue.
Sur la période 2012-2016, le Gabon a perdu 600 milliards de FCFA à cause de paiements frauduleux à des fournisseurs, selon une récente enquête de l’Agence nationale d’investigation financière. Ce qui a amené le gouvernement à durcir le ton en matière de lutte contre ce fléau.
Sylvain Andzongo