(Le Nouveau Gabon) - Ce 26 aout 2023, les Gabonais vont aller aux urnes dans le but d’élire leur futur président de la République pour les cinq années à venir, leurs députés et élus locaux. Au total 14 candidats sont en lice pour l’élection présidentielle, soit 13 hommes et une femme. Ainsi, l’on retrouve en course face à Ali Bongo Ondimba, président sortant (PDG), Gérard Ella Nguema (FPG), Jean Romain Fanguinoveny (PPG), Pierre Claver Maganga Moussavou (PSD), Joachim Mbatchi Pambo (UFC), Jean Victor Mouanga Mbadinga (MESP), Gervais Oniane (UPR). Et les candidats indépendants que sont Albert Ondo Ossa, soutenu par la coalition Alternance 2023, Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, Axel Stophène Ibinga Ibinga, Victoire Lasseni Duboze, Abel Mbombe Nzondou, Emmanuel Mve Mba, Thierry Yvon Michel N’goma. Il était au départ 19 candidats, mais cinq se sont désistés pour soutenir Albert Ondo Ossa. Il s’agit d’Alexandre Barro Chambrier (RPM), Paulette Missambo (UN), Thérence Gnembou Moutsona (PRC), Mike Jocktane (indépendant), Raymond Ndong Sima (indépendant).
Ali Bongo Ondimba
Élu à la tête du Gabon en 2009, puis réélu en 2016, Ali Bongo Ondimba est candidat à sa propre succession. Le candidat du Parti démocratique gabonais (PDG) prévoit, en cas de réélection, de mener de nouvelles réformes qui permettront de développer davantage le pays. Son projet de société est un « Pacte social et républicain » qui ambitionne d’améliorer le pouvoir d’achat des Gabonais et améliorer les conditions de vie des populations et le développement économique du pays. « Ce pacte social républicain devra répondre, aux premiers mois de mon mandat, à vos préoccupations en donnant la priorité à des mesures concrètes dédiées à l’amélioration de votre pouvoir d’achat et à l’emploi », soutient Ali Bongo.
Pour cela, son programme repose sur trois piliers que sont la solidarité entre les citoyens, la cohésion entre les territoires et le leadership du pays. Un programme qui a été présenté par le président-candidat tout au long de la campagne électorale dans les neuf provinces du pays. « Ce n’est là qu’un aperçu de quelques mesures que je compte mettre en œuvre… Je sais où sont vos priorités, je sais où mettre le paquet », a déclaré Ali Bongo lors du lancement officiel de sa campagne électorale. Âgé de 64 ans, le président sortant sera face à 13 candidats de l’opposition. Il croit en sa victoire « cash » ce 26 aout 2023.
Albert Ondo Ossa
Âgé de 69 ans, Albert Ondo Ossa apparait comme l’adversaire le plus sérieux d’Ali Bongo. Il est en effet porté par Alternance 2023, plateforme fédérant les principaux partis d’opposition du pays. Un choix pris à l’issue de plusieurs semaines d’intenses négociations et qui a surpris plus d’un. Ce d’autant plus qu’il n’était pas favori face à Alexandre Barro Chambrier, du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM), ou encore Paulette Missambo, de l’Union nationale (UN).
S’il est élu au soir du 26 aout 2023, il prévoit d’axer son programme sur le Gabonais. « L’économie, la Nation c’est d’abord l’Homme. Donc, la principale préoccupation c’est de redonner de la dignité aux Gabonais. Ensuite, il va falloir penser à l’Homme dans toute sa dimension. L’Homme c’est sa formation, l’Homme c’est sa santé, son travail, sa retraite. Il s’agit effectivement de passer en revue toutes ces dimensions pour que le Gabonais retrouve sa dignité », résume-t-il. Cependant, l’affaire de l’audio de sa conversation avec son allié Barro Chambrier, qui fait actuellement polémique au Gabon, pourrait constituer un frein dans sa course vers le Palais du bord de mer.
Ancien ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur d’Omar Bongo Ondimba, ancien président de la République gabonaise, Albert Ondo Ossa est diplômé de l’Université de Nancy II (France) et professeur agrégé en économie. Il est né le 17 juillet 1954 à Minvoul dans la province du Woleu-Ntem.
Jean Delors Biyogue
Dénommé « Un Gabon digne d’envie », le projet de société de Jean Delors Biyogue Bi Ntougou, candidat indépendant, est axé sur 28 priorités réparties en 54 actions. Ainsi, s’il est élu président de la République, il compte en priorité modifier la Constitution par la réintroduction d’un système électoral à deux tours et la limitation des mandats présidentiels à deux. Il prévoit aussi d’améliorer les conditions de travail des fonctionnaires du Gabon et le lancement d’un vaste programme de construction de nouveaux bâtiments administratifs de l’État. Sur le plan économique, Jean Delors Biyogue Bi Ntougou compte renforcer l’efficacité du mécanisme de gestion des finances publiques pour améliorer la gestion des finances publiques.
Né le 10 juin 1976 à Nkarezoc (Oyem, Gabon), Jean Delors Biyogue Bi Ntougou est docteur en sciences sociales et économiques, option sciences politiques. Il est chercheur au groupe d’étude politique et de défense de l’Institut de recherche en sciences humaines (université Omar Bongo). Ses domaines d’expertise ciblent le règlement des conflits armés, l’intelligence stratégique, la gouvernance, les transformations politiques en Afrique, ainsi que les opérations de maintien de la paix des Nations unies et de l’Union africaine.
Gervais Oniane
Candidat à la présidentielle pour le compte de l’Union pour la République (UPR), Gervais Oniane a élaboré un projet de société qui renferme 23 propositions pour améliorer le Gabon sur tous les plans : la santé, l’économie, l’emploi… Dans ce programme, il prévoit, au cas où il est élu président de la République, la reprise de l’exportation du bois sous forme de grumes, pourtant interdite depuis 2010 au Gabon par le président Ali Bongo. Une mesure qui a pourtant fait ses preuves. Entre 2010 et 2021, la contribution de la filière bois au produit intérieur brut (PIB) du pays a considérablement augmenté, passant de 116 milliards à 444 milliards de FCFA.
En dehors de cette mesure, Gervais Oniane propose de relancer la culture du café et du cacao, d’ouvrir des Lycées Agricoles à l’intérieur du pays, et de faire de la Pêche un secteur plus réglementé. Il propose aussi de construire une nouvelle capitale administrative digne du Gabon de demain qui ira de Ntoum jusqu’à Kango en incluant Donguila et Cocobeach.
Gervais Oniane est Professeur de science-politique et de stratégie militaire, diplômé de l’Institut des hautes études de défense nationale de Paris et du Centre américain d’études stratégiques.
Emmanuel Mve Mba
Né le 4 décembre 1966 à Eves dans la province du Woleu-Ntem, Emmanuel Mve Mba a un projet de société qui s’appuie sur 25 priorités : objectif affiché : améliorer le quotidien des Gabonais. Il est notamment question de réviser les accords entre les entreprises multinationales et l’État, de concéder les marchés aux entreprises nationales au détriment des entreprises étrangères. Le président du Mouvement citoyen des volontaires des libertés (MCVL) veut aussi créer des pôles économiques dans les provinces, selon leurs spécificités. Ils s’ajouteront à Nkok. C’est-à-dire, le pôle agricole pour le Woleu-Ntem, le pôle minier dans le Haut-Ogooué, le pôle économique dans l’Ogooué Ivindo, la Ngounié et la Nyanga. Ce projet visera à générer près de 600 000 emplois directs et indirects.
Aussi prévu, la création des industries de transformation des matières premières avant exportation, la construction des centrales électriques dans toutes les provinces, rapatrier les étrangers sans contrat de travail légal en vue de créer des emplois au profit des nationaux et réduire la fuite des capitaux. La lutte contre l’homosexualité, la pédophilie fait aussi partie de ses priorités. Emmanuel Mve Mba est membre du Conseil économique, social et environnemental. Il est par ailleurs directeur général de la société Encadrement Plus qui lutte contre les violences en milieu scolaire.
Victoire Lasseni Duboze
Ancienne ministre de la Famille et des Affaires sociales sous Omar Bongo et ancienne responsable des femmes du Parti démocratique gabonais (PDG, parti au pouvoir), Victoire Issembè épouse Lasseni Duboze est la seule femme qui reste en course pour l’élection présidentielle du 26 aout, après le ralliement de Paulette Missambo au candidat Albert Ondo Ossa. Mère de six enfants et de 10 petits enfants, elle porte un programme qui fait la part belle au social. « Aujourd’hui, les Gabonais ne veulent plus des phraséologies politiques. Ils veulent savoir qui va les aider à régler leurs problèmes d’eau, de logements, de la vie chère… », indique-t-elle. Et sur la question de la vie chère précisément, elle propose de baisser les taxes douanières. Car, ces prélèvements sont répercutés sur les produits dans les marchés. Elle propose aussi de réduire les dépenses publiques, de lutter contre la corruption en renforçant les sanctions et en laissant les institutions libres et apolitiques.
« L’histoire retiendra que les premières ONG sont nées sous ma mandature. L’approche “genre” est un combat que j’ai mené avec acharnement. J’ai la conviction que je ferai plus et mieux à la tête de la nation parce que ma détermination est d’amener les Gabonais à être fiers de leur pays, parce qu’ils prendront une part active pour le construire », explique-t-elle. Née le 17 novembre 1952 à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, Victoire Lasseni Duboze est psychologue de formation. Pour elle, il est temps que la femme exerce le pouvoir au Gabon.
Pierre Claver Maganga Moussavou
Pierre Claver Maganga Moussavou est pour la cinquième fois candidat à l’élection présidentielle au Gabon. Après avoir connu des échecs en 1993, 1998, 2009 et 2016, le président du Parti social-démocrate (PSD) espère cette fois réaliser enfin son rêve de diriger le Gabon. Cet ancien vice-président du Gabon (2017 - 2019) se dit confiant que le programme présenté aux Gabonais tout au long de la campagne électorale plaidera en sa faveur. Ce programme est axé sur sept piliers « qui symbolisent notre engagement de tous les instants », affirme-t-il. Il s’agit de l’éthique de développement, la création d’une véritable économie, la route, l’éducation et la formation professionnelle, la santé, la population, l’immigration sélective, la Provincialisation, et la politique de co-développement. Globalement, il bâtira sa politique sur le socle de la provincialisation.
« La provincialisation est donc cette politique qui consiste à rompre avec l’image d’un pays tourné en arc de cercle vers l’extérieur : tout ce qui entre au Gabon retourne vers l’extérieur, faisant du Gabon un pays dont l’économie est extravertie comme pour démentir chaque jour l’affirmation du Président Léon MBA : “Gabon d’abord” », affirme-t-il. Pour ce faire, il envisage de consacrer au moins 10% du budget général de l’État à la provincialisation. Ainsi, les provinces seront gérées par des ministres délégués, gouverneurs de province sous l’autorité du chef du gouvernement qui devra s’assurer que toutes les provinces connaissent la même évolution, le même type d’engagement pour qu’aucune province ne soit supérieure à une autre.
Axel Stophène Ibinga Ibinga
Né le 27 février 1981 à Port-Gentil, Axel Stophène Ibinga Ibinga ambitionne de remettre « La République au travail », s’il est élu au soir du 26 aout. Affectueusement appelé « Le candidat des jeunes », il prévoit de créer de l’emploi pour les Gabonais et développer l’économie du pays et défendre les intérêts des Gabonais. « Les Gabonais ne sont pas des poupées. Vous avez de l’importance pour ce pays. Je vous demande de ne plus vous laisser instrumentaliser par des personnes qui ne vous connaissent que lorsqu’elles sont besoin de vous. À travers mon programme électoral, La République au travail, je compte bien une fois élu faire de vous des acteurs pour le Gabon », a-t-il déclaré lors de sa campagne électorale dans les villes de villes de Bifoun, Lambaréné, Fougamou et de Mouila. Entrepreneur gabonais qui cumule 17 années dans le milieu des affaires, Axel Stophène Ibinga Ibinga a un programme de neuf axes qui prend en compte les aspects de la vie publique et de la vie citoyenne.
Jean Romain Fanguinoveny
Le président du Parti du peuple gabonais (PPG) porte un projet qui fait la part belle au social, avec une promesse portant sur l’augmentation des allocations familiales en cas de victoire, soit une allocation de 25 000 FCFA par enfant et par mois et une autre de 50 000 FCFA pour les jeunes désœuvrés à mettre en œuvre en lien avec l’Office national de l’emploi. Bien plus, Jean Romain Fanguinoveny promet d’accorder une allocation aux personnes du troisième âge et aux jeunes chômeurs. Il prévoit aussi de créer une banque de développement, de construire trois lignes de métro à Libreville, Akanda et Ntoum. Pour lui, « le mode électoral en vigueur (le bulletin unique, NDLR) est une opportunité pour le changement, car il permettra de faire échouer le président sortant et les députés du PDG ». Professionnel de la communication, Jean Romain Fanguinoveny a dirigé Radio Fréquence 3 (1994-1997), Radio TopFM (1997-2023) et Journal Gabon (2001-2021). Il est également enseignant dans les universités.
Joachim Mbatchi Pambo
C’est sous les couleurs du Forum pour la défense de la République (FDR), un parti de l’Union des forces du changement (UFC) dont il est le président, que Joachim Mbatchi Pambo se présente à l’élection présidentielle de ce 26 août. Ce dernier rêve d’un vrai changement au profit de tous. De ce fait, cette élection d’après lui, est une opportunité offerte aux Gabonais de choisir le président de la République qui pourra répondre à leurs aspirations les plus légitimes. Et il se présente comme l’homme de la situation. Originaire de Mayumba dans la province de la Nyanga, Joachim Mbatchi Pambo est né le 31 août 1971 à Libreville. Il est un ancien collaborateur du feu président Omar Bongo Ondimba.
Gérard Ella Nguema
Porte-étendard du Front patriotique gabonais (FPG) pour cette élection présidentielle, Gérard Ella Nguema affiche l’ambition de nationaliser certaines fonctions au Gabon. « Je prendrai une loi qui stipule qu’il faut être de père et de mère gabonaise pour occuper un poste de souveraineté nationale pour que le Gabon reste d’abord aux Gabonais », soutient-il. Comme mesure phare de son programme, il prévoit de rehausser le salaire des fonctionnaires, d’offrir à chaque Gabonais un lopin de terre d’une superficie de 1000 m², de doter les forces de l’ordre et de défense de casernes. Il promet par ailleurs de revoir les contrats de concession du groupe Olam au Gabon et d’initier la construction de plusieurs universités dans les provinces pour désengorger l’université Omar Bongo et l’université des sciences et technique de Masuku.
Abel Mbombé Nzondou
Natif de Mimongo, dans le département de l’Ogoulou, Abel Mbombé Nzondou est un candidat indépendant à l’élection présidentielle de ce 26 aout. Le président du Mouvement alternance en marche (MAM), qui était déjà candidat en 2016, estime que le Gabon est mal gouverné depuis l’indépendance et veut que la donne change. « Notre pays est mal gouverné par des despotes impressionnants parfois attachants, qui furent, à certains moments et pour certains d’entre eux, de véritables hommes d’État, mais finalement incapables de structurer le pouvoir au service des Gabonais de toutes les couches sociales, incapables d’imaginer l’alternance et l’avenir », déplore l’homme politique âgé de 53 ans.
Jean Victor Mouanga Mbadinga
Avec un projet de société baptisé « Conquête de la liberté », Jean Victor Mouanga-Mbadinga, premier secrétaire et candidat du Mouvement d’émancipation sociale du peuple (MESP), espère gagner ce 26 aout 2023. À travers ce projet, il prône le changement de régime politique. Pour lui, « le développement économique, social et culturel du Gabon passe par l’affirmation solennelle de notre attachement aux droits de l’Homme et du citoyen ; la politique institutionnelle doit reposer de manière effective sur le principe de la souveraineté et de l’unité nationale ». Pour y parvenir, il prévoit de renforcer les pouvoirs du parlement notamment dans son rôle de contrôle de l’action de l’exécutif. Par ailleurs, « la santé publique constitue l’un des secteurs dont le bon fonctionnement conditionne la réussite de notre politique de développement », affirme-t-il.
Sandrine Gaingne
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