(Le Nouveau Gabon) - A deux ans des prochaines élections présidentielles au Gabon, le gouvernement a décidé d’apporter quelques modifications aux conditions à remplir par les prétendants à la magistrature suprême. Au cours du conseil des ministres du 12 septembre dernier, il a été adopté un projet d’ordonnance portant loi organique relative à la fonction de président de la République, qui exige désormais aux candidats, la résidence sans discontinuité sur le territoire national au moins six mois chaque année, au cours des deux dernières années précédant l’élection. « La territorialité ainsi indiquée se rapporte également aux Gabonais en poste dans les missions diplomatiques et dans les organisations internationales dont le Gabon est membre. Le texte énonce également que tout Gabonais bénéficiant d’une autre nationalité ayant exercé des responsabilités politiques ou administratives dans un autre Etat ne peut se porter candidat », précise le communiqué du conseil des ministres.
Cette décision du gouvernement même si elle n’a pas encore été validée par le Parlement n’a pas été bien accueillie par la classe politique. Surtout au sein de l’opposition gabonaise qui voit en ce projet d’ordonnance, une stratégie de mise à l'écart de possibles candidats vivant et travaillant à l’étranger.
Pour justifier cette nouvelle disposition, un enseignant de droit de l’université Omar Bongo de Libreville dit ne pas comprendre ces réactions. « Cette décision existait déjà. Puisqu’il fallait avoir résidé au Gabon depuis 12 mois au moins avant le scrutin. Aujourd’hui, c’est six mois de résidence chaque année pendant deux ans. Alors, je ne comprends pas ceux qui disent ne pas être d’accord avec ce projet de texte », soutient-il. Et d'ajouter : « celui qui ne vit pas dans le pays ne connait pas forcément les réalités du pays qu’il souhaite diriger. Alors, je trouve que la décision est bonne et utile pour le pays », commente cet enseignant.
Par ailleurs, ces nouvelles conditionnalités ne sont pas une exclusivité gabonaise puisque dans de nombreux pays, les critères restrictifs à l'exercice de la fonction suprême s'appliquent à différentes échelles. Dans la zone Cemac, par exemple au Cameroun, les candidats doivent justifier d’une résidence continue dans le territoire national d’au moins douze mois consécutifs à la date du scrutin. Au Tchad, il faut résider sur le territoire de la République du Tchad et en République centrafricaine, il faut un certificat attestant de la résidence ou du domicile du candidat à l’élection présidentielle sur le territoire national depuis au moins un an.
L’on constate tout de même que depuis l’annonce de ces nouvelles conditions d'éligibilité, certains Gabonais vivant à l’étranger ont décidé de retourner au pays. C’est notamment le cas de l’opposant, Bruno Ben Moubamba, président de l’alliance pour le changement (ACR), qui a annoncé sur les réseaux sociaux qu’il pourrait être de retour au pays d’ici la fin de l’année. Cet ancien vice premier ministre en charge de l’habitat, avait été candidat malheureux aux élections présidentielles de 2009 et 2016. Il s’est installé à l’étranger après son éviction du gouvernement en 2017.
S.G