(Le Nouveau Gabon) - Pour conclure avec succès la première revue de son second programme triennal avec le Fonds monétaire international (FMI), le Gabon devra encore mener trois actions majeures, a indiqué ce 14 décembre le chef de mission pour le Gabon, Boileau Loko, au cours d’une conférence de presse à Libreville. Cette rencontre avec les médias avait pour but de faire le point de la mission qu’il a pilotée du 8 au 14 décembre 2021 dans le pays au titre de la première évaluation de la mise en œuvre de cet accord conclu en juillet 2021 au titre du Mécanisme élargi de crédit (Medc) pour un montant de 553,2 millions de dollars américains (307 milliards de FCFA).
Ces trois actions sont : l’adoption d’un plan d’apurement des arriérés intérieurs, la finalisation et la publication du rapport d’audit des dépenses liées à la pandémie de la Covid-19 et la publication des noms et des nationalités des bénéficiaires des marchés publics. « Dès que toutes les actions préalables sont en place et que nous sommes confortables avec les progrès réalisés, nous pouvons envisager un conseil d’administration dans les prochains 60 jours pour achever la revue », a affirmé Boileau Loko. Et à en croire ce dernier, ces actions sont déjà relativement avancées et il ne reste plus que leur finalisation.
60 milliards de FCFA en jeu
Si Libreville passe avec succès cet examen devant le conseil d’administration de l’institution de Bretton Woods, il devrait bénéficier d’un paiement de 60 milliards de FCFA correspondant à la 2e tranche du financement global attendu du Fonds. Après l’approbation du programme, le pays avait déjà obtenu un premier paiement de 115,25 millions de dollars américains (près de 64 milliards de FCFA). En cas d’échec, le pays court le risque de perdre cette 2e tranche de financement.
Il faut dire que comme le premier (2017-2020), le nouveau programme avec le FMI consiste à réaliser des réformes et des objectifs économiques pour obtenir des prêts à des conditions favorables (taux d’intérêt nul, maturité longue). Tout au long de sa durée (juillet 2021 - juillet 2024), la mise en œuvre du programme sera donc évaluée tous les six mois. Encore appelé revue, cet examen, en cas de réussite, est sanctionné par un décaissement.
Prochaines réformes
Si le Gabon a pris du retard en matière de réformes structurelles, « les performances relatives aux objectifs quantitatifs du programme sont globalement satisfaisantes », estime Boileau Loko. Pour l’illustrer, le chef de mission indique que « l’évolution budgétaire semble être globalement conforme aux objectifs du programme ». À l’en croire aussi, après la récession de 2020 (-1,8%), la croissance économique devrait atteindre 1,5% en 2021 et s’accélérer en 2022 pour atteindre 3% à mesure que la reprise s’affirme.
Mais ces prévisions dépendent aussi bien de l’évolution de la pandémie et des cours du pétrole que de la mise en œuvre des réformes budgétaires et de gouvernance. Les services du FMI encouragent donc les autorités à accélérer les réformes pour renforcer le secteur bancaire, améliorer l’environnement des affaires, favoriser le développement du secteur privé et protéger les populations les plus vulnérables.
Par ailleurs, la mission recommande la mise en œuvre de toutes les mesures fiscales convenues dans le programme initial et celles nécessaires pour compenser le manque à gagner potentiel en 2021. À cet égard, estime Boileau Loko, il est important de mieux cibler les mesures d’aide aux Gabonais économiquement faibles, de poursuivre les efforts pour réduire les déperditions et accroitre les recettes des secteurs pétroliers et miniers, de réduire les exonérations et accroitre les recettes non pétrolières, de réduire les compensations, notamment celles liées à la TVA. Ces recommandations devraient inspirer les politiques économiques et réformes structurelles qui vont constituer la base du programme en 2022.
Sandrine Gaingne