(Le Nouveau Gabon) - L’État du Gabon contrôle désormais 35% des actions de la Compagnie d’exploitation commerciale africaine gabonaise de distribution (Ceca-Gadis), leader de la grande distribution dans le pays. Le certificat de propriété des parts de l’État a été remis au président de la Transition, Brice Oligui Nguéma, le 31 janvier dernier au cours d’une audience. Selon le ministre de la Justice, Paul-Marie Gondjout, les actions cédées à l’État appartenaient à Gagepar. Actionnaire de Ceca-Gadis, l’État s’est désengagé en 1967 en cédant ses parts à cette holding dont on ne sait pas grand-chose.
Cette opération est aujourd’hui jugée « indue » par les nouvelles autorités gabonaises. « Il y a des citoyens qui ont de manière indue acquis des parts dans certaines sociétés et l’État veut pouvoir les récupérer de manière à les mettre au service du citoyen. Ce qui est le cas de la Ceca-Gadis et d’autres sociétés ou des actionnaires sont venus d’eux-mêmes dire qu’ils préfèrent rendre [leurs actions] à l’État parce que ce sont des actions qu’ils ont perçues indument », a expliqué à la presse Paul-Marie Gondjout au sortir de l’audience de restitution du certificat de propriété.
Les parts de l’État dans la Ceca-Gadis ont été transférées à la Caisse des dépôts et consignations (CDC), bras séculier de l’État en matière de développement. En tant que représentant de l’État dans le capital de Ceca-Gadis, la CDC affirme qu’elle travaillera non seulement pour le développement du groupe dans le pays, mais également pour la promotion des produits made in Gabon. L’objectif est d’accroitre progressivement la part de l’agriculture dans le produit intérieur brut (de 5% à 10% à l’horizon 2028), de créer des emplois, limiter l’exode rural et réduire les importations alimentaires qui coûtent actuellement près de 550 milliards de FCFA au pays.
Par ailleurs, les acteurs du secteur agricole espèrent que la présence de la CDC dans le capital de Ceca-Gadis permettra aux PME du secteur agricole et agroalimentaire du Gabon d’avoir plus d’espace dans les rayons des grandes surfaces du pays. Car pour l’instant, « les produits locaux transformés ne sont pas très commercialisés dans les grandes surfaces. Nous espérons que la CDC puisse inverser la tendance. Car, sans l’accès aux consommateurs, nos marques ne risquent pas de vivre très longtemps », soutient un agriculteur.
Le groupe Ceca-Gadis, actuellement dirigé par Michel Essonghé, est implanté au Gabon depuis plus de 90 ans. Il dispose de 104 magasins et emploie plus de 1600 collaborateurs répartis sur l’ensemble du territoire national.
Sandrine Gaingne