(Le Nouveau Gabon) - Les leaders de toutes les confessions religieuses du Gabon ont rencontré le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), le général Brice Oligui Nguema, jeudi 31 août à Libreville. Au cours de cette rencontre, les hommes de Dieu ont notamment voulu connaître la durée de la transition et savoir si celle-ci sera accompagnée de la restauration des institutions. Ils souhaitent également savoir s’il y aura un gouvernement de transition et plaident pour « la réforme institutionnelle », chantier prioritaire auquel doivent s’attaquer les putschistes selon eux.
En prenant le pouvoir le 30 août dernier, la junte a annoncé l’annulation des élections générales (présidentielle, législatives et locales) du 26 août et la « dissolution » toutes les institutions. Notamment le Sénat, l’Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle, le Conseil économique, social et environnemental, ainsi que le Centre gabonais des élections (CGE) qui a proclamé le président sortant, Ali Bongo Ondimba, vainqueur de l’élection présidentielle avec 64,27% des voix contre 30,77% pour l’opposant Albert Ondo Ossa, son principal rival.
Mais le CTRI n’a encore rien révélé de ses intentions, alors que des appels à une transition la plus courte possible se font déjà entendre. Au lendemain du coup d’État militaire, Alternance 2023, la principale plateforme de l’opposition, a demandé aux militaires de reprendre le décompte des voix pour reconnaître la victoire de son candidat Albert Ondo Ossa.
« L’intérêt supérieur de la nation et la défense de ses intérêts fondamentaux nous commandent de reprendre le processus de centralisation des résultats de l’élection présidentielle qui a été interrompu. Au terme de ce processus qui devrait se poursuivre sous la supervision de nos forces armées, le Pr Albert Ondo Ossala verra sa victoire officialisée », a annoncé Mike Jocktane, membre de ladite plateforme, lors d’une déclaration à la presse jeudi. Albert Ondo Ossa avait déjà revendiqué sa victoire avant même la fin du scrutin samedi dernier.
D’autres acteurs par contre militent pour de nouvelles échéances électorales. Surtout que l’organisation des élections générales du 26 août dernier « n’a pas rempli les conditions d’un scrutin transparent, crédible et inclusif » selon le CTRI, qui a dénoncé des « résultats tronqués », « La mission du point de vue légal des putschistes n’est pas de reprendre le comptage des voix. Ils ont dissous le CGE et la Cour constitutionnelle, mais ne peuvent pas se substituer aux institutions de la République pour faire le recomptage des voix et venir déclarer Ondo Ossa vainqueur. Ce n’est pas leur mission », a déclaré à la BBC Geoffroy Foumboula, membre du Copil citoyen.
Cette plateforme de la société civile avait introduit des recours devant la Cour constitutionnelle à l’effet de demander l’annulation du décret instituant le bulletin de vote unique pour la présidentielle et les législatives du 26 août. Mais la haute juridiction avait rejeté toutes les requêtes formulées aussi bien par les acteurs de la société civile que par les opposants, affirmant qu’« aucun des moyens invoqués par les requérants (…) n’ayant prospéré ».
Jeudi, le CTRI a décidé du « rétablissement provisoire » de la Cour constitutionnelle devant laquelle le général Oligui doit prêter serment le 4 septembre prochain, et annoncé la « mise en place progressive » des institutions de la transition. « Il y aura des décisions dures à prendre », a prévenu le général Oligui, invitant les religieux à se concerter et à lui proposer des « solutions pérennes et adéquates pour essayer de changer les choses » au Gabon.
Patricia Ngo Ngouem
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