(Le Nouveau Gabon) - Le français Meridiam et Gabon Power Company (GPC), actionnaires (respectivement à 60 et 40%) d’Asonha Énergie, société qui porte le projet de construction du barrage de Kinguélé aval, ont déjà libéré la somme de 32 millions d’euros (21 milliards de FCFA) permettant le lancement des travaux, a appris Le Nouveau Gabon auprès des responsables de cette structure. Cet argent représente 68% de l’apport en fonds propres nécessaires pour la construction de cette infrastructure hydroélectrique.
D’un coût prévisionnel de 117,4 milliards de FCFA, le barrage de Kinguélé aval est financé à hauteur de 26% (30,52 milliards de FCFA) par les actionnaires. Le reste de l’enveloppe est mobilisé auprès des bailleurs de fonds. Il s’agit de la Société financière internationale (SFI ou IFC, en anglais), filiale de la Banque mondiale dédiée au secteur privé, la Banque africaine de développement, la Development Bank of Southern Africa et Emerging Africa Infrastructure Fund. Le financement des prêteurs sera décaissé une fois que les fonds propres auront été totalement libérés et épuisés.
Sur l’enveloppe déjà disponible, 11 millions d’euros (7,2 milliards de FCFA) ont été remis à Sinohydro comme avance de démarrage. C’est en effet cette société chinoise qui a été sélectionnée pour la construction du barrage hydroélectrique, sous le contrôle du groupement EDF-Artelia.
Les travaux de construction du barrage « vont démarrer de manière effective sur le site à la fin du mois de mars 2022 », indiquait, en janvier dernier, le ministre de l’Énergie, Alain-Claude Bilie-By-Nzé. Aujourd’hui, Asonha Énergie assure pour sa part qu’ils ont débuté depuis le 8 décembre 2021, par la préparation du site. Selon, la même source, il ne reste plus que le lancement officiel du chantier qui sera fait par les autorités gabonaises. Pour l’instant, aucune date n’a encore été fixée pour cet évènement.
Évolution des travaux
Selon les responsables de Asonha Énergie, à ce jour, la base-vie a été partiellement construite et le déboisement du site lancé. L’abattage du bois sur les 36 hectares prévus a été réalisé à 90%, apprend-on. Deux pépinières ont par ailleurs été construites. L’une sert à la revégétation et l’autre recueille les espèces menacées qui seront reboisées au niveau des zones de parc et de réintroduction du site, soutient l’entreprise.
Sur le plan social, des actions ont été menées depuis le début du projet. Asonha Énergie cite, « le forage pour pompes hydrauliques villageoises, la fourniture en eau potable (forage) en attente de l’installation des pompes hydrauliques villageoises, l’achat pour le compte du village d’une pirogue et du matériel de pêche, le financement de l’entretien de la barrière… ». Il reste à réaliser sur cet aspect, la réhabilitation des camps (école d’Andock Foula), la mise en œuvre des projets communautaires, la réhabilitation de l’hôpital de Kango.
Il est en outre prévu dans les quatre prochains mois, la poursuite de la mobilisation du personnel et du matériel, l’installation de la centrale à béton (zone barrage), la construction d’un entrepôt, la construction de logements supplémentaires, l’aménagement du batardeau provisoire. « La construction d’un barrage nécessite la mise à sec et la préparation des fondations. L’assèchement est réalisé au moyen de digues ou barrages provisoires appelés batardeaux et construits à l’amont du site pour protéger la zone des travaux contre les inondations. Ils détournent la rivière pendant la construction au moyen de conduites, de galeries ou de canaux de dérivation », explique Asonha Énergie.
Réduction des gaz à effet de serre
Située à̀ 100 km à l’est de Libreville sur la rivière Mbéi, en bordure du parc national des Monts de Cristal, la nouvelle installation disposera d’une capacité de 35 MW et permettra à terme d’alimenter le réseau national à hauteur de 205 GWh par an. La centrale hydroélectrique fournira environ 13% des besoins en électricité́ de Libreville. Elle contribuera au remplacement de capacités thermiques existantes et permettra d’économiser plus de 150 000 tonnes d’émissions de CO2 par an. Elle participera également à l’électrification des zones rurales telles qu’Andock Foula. Pour mener à bout ce projet, 900 personnes, dont 700 locaux, seront recrutées. Actuellement, 138 Gabonais travaillent déjà sur le site, apprend-on.
La société Asonha Énergie, qui va assurer la maintenance et la gestion de cette infrastructure pendant une durée de 30 ans, est une joint-venture codétenue à 60% par Meridiam, une firme française de private equity spécialisée dans les infrastructures et 40% par Gabon Power Company (GPC), filiale du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS).
Sandrine Gaingne
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