(Le Nouveau Gabon) - La chambre de commerce de Libreville abrite, depuis le 25 avril 2023, le premier salon national de l’étudiant. La vingtaine de stands des universités et grandes écoles édifient les élèves de Terminale sur les offres de formation dans le pays. Des panels sont également animés par les experts, les chefs d’entreprise sur les besoins réels du marché de l’emploi. Le secrétaire général adjoint du ministère de l’Enseignement supérieur, coordonnateur général de ce salon, souligne la nécessité pour les jeunes de s’orienter vers les filières professionnalisantes qui pourraient leur garantir un emploi.
Le Nouveau Gabon : Quels sont les objectifs de ce salon de l’étudiant ?
Kowir Pambou Bello : L’objectif est d’accompagner les élèves de Terminale à mieux s’orienter sur la base d’une connaissance précise des besoins sectoriels du marché de l’emploi et du travail. Nous constatons que le chômage des jeunes est grandissant, il atteint aujourd’hui 30%. Et ce chômage est dû à l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Que faut-il faire ? Il faut d’abord répertorier l’ensemble des besoins sectoriels de notre écosystème. Notre écosystème aujourd’hui a plus besoin de techniciens dans l’hydrocarbure, les mines, le bois, les métiers de la mer.
Malheureusement, ces secteurs en souffrance ne sont pas pourvus parce que les étudiants sont plus orientés vers les filières générales. On a aussi des écoles de formation professionnelle qui ne sont pas sollicitées. Donc, c’est ce message qu’on veut faire passer aux élèves que le Gabon a plus besoin de techniciens, d’ingénieurs. Ce qu’il faut savoir, c’est que depuis une dizaine d’années ceux qui s’orientent dans ces filières sont sûrs d’être recrutés et bien rémunérés.
LNG : Il y a un problème d’orientation certes, mais ces métiers nécessitent une base scientifique. Or, dans nos établissements, très peu d’élèves sont portés vers les sciences…
KPB : ce qu’il faut savoir, c’est que notre système éducatif est tourné vers le modèle de l’approche par compétence. Ç’a commencé au primaire, c’est déjà au secondaire, mais pas encore au supérieur. Donc, il faut attendre 10 ans pour avoir des fruits. Nous disons à nos élèves que même s’ils sont dans les séries littéraires, il existe des passerelles leur permettant d’accéder à des formations qui vont conduire à des compétences professionnelles. Malheureusement 70% d’étudiants en Licence sont dans le couloir qui conduit du chômage. Nous disons à ces étudiants qu’avec le BAC A on peut faire infirmerie.
LNG : Combien d’universités, d’écoles supérieures participent à ce salon ?
KPB : On a les deux universités publiques, une quinzaine d’universités et d’écoles supérieures privées qui sont des partenaires de l’État qui évitent l’engorgement dans les structures publiques. Nous leur avons envoyé le message que désormais, nous mettons l’accent sur les filières professionnalisantes. La formation doit être courte, car il y a des entreprises qui ont manifesté le besoin en main-d’œuvre technique. On doit leur inculquer la culture de l’apprentissage en alternance : une partie à l’école, une autre dans l’entreprise. Ils auront l’expérience et leur indice d’employabilité sera élevé.
LNG : Les entreprises aussi ont été invitées ?
KPB : Oui, nous avons invité des entreprises dans les panels. Elles nous ont envoyé des représentants qui ont édifié les jeunes sur les métiers. Ceux des hydrocarbures, des mines, du bois. La directrice de la zone industrielle de Nkok était là pour expliquer les métiers du bois. Nous avons un stand tenu par un ingénieur en robotique et un autre par une entreprise qui fait dans les produits halieutiques. Ce premier salon est une réelle réussite.
LNG : Que pensez-vous de cette tendance des parents à envoyer leurs enfants se former à l’étranger ? Estimez-vous que l’offre locale est suffisante ?
KPB : La plupart des dirigeants du Gabon ont fait des études ici. Ce qui signifie que notre système éducatif a du mérite. On peut avoir quelques carences dans certains secteurs, c’est normal, car nous sommes un pays jeune. Notre politique est d’orienter les jeunes à l’étranger quand il y a nécessité. C’est la raison pour laquelle nous travaillons avec les écoles pour densifier l’offre locale. Par exemple, nous aurons une université des sciences de la mer, nos jeunes compatriotes n’iront plus se former hors du pays dans ses filières de pointe.
Propos recueillis par Alain George Banassoubek