(Le Nouveau Gabon) - Au seuil de la nouvelle année, Henri-Claude Oyima, PDG de BGFIBank fait le bilan de santé de son groupe et fixe ses priorités. Entretien.
Agence Ecofin : Comment se termine l’année 2018 pour BGFIBank ?
Henri-Claude OYIMA : Sur les chapeaux de roue. L’année 2018 aura été marquée par une forte croissance de nos activités avec un Total de bilan de plus de FCA 3 milliards et un résultat net qui sera supérieur à celui de l’année 2017. Ces belles performances trouvent leurs fondements dans la forte innovation en termes de produits et de services pour satisfaire toujours plus une clientèle de plus en plus exigeante. Au top de ces innovations, je peux citer la carte Motion Code dite carte à code dynamique, permettant de sécuriser les transactions, particulièrement celles effectuées sur internet, la certification PCI-DSS qui renforce la sécurité cartes bancaires, l’ouverture des nouvelles agences, le renforcement du dispositif de contrôle interne avec de nouveaux outils de lutte anti-blanchiment et de filtrage des opérations. L’objectif recherché est double pour le Groupe :
- revitaliser son offre globale tout en garantissant une meilleure sécurité ;
- se positionner sur le marché comme un leader de l’innovation digitale.
AE : Entre le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Congo, votre groupe reste très sensible à l’évolution du secteur des hydrocarbures. Quelle est aujourd’hui la part de ce secteur dans les activités bancaires du groupe ?
HCO : Il est vrai que les pays que vous citez tirent le gros de leurs ressources des matières premières dont les hydrocarbures. Le positionnement du Groupe BGFIBank dans ces pays reste conforme à sa politique de Banque des Entreprises et des Particuliers haut de gamme. Les résultats engrangés ces dernières années prouvent à suffisance que la stratégie du Groupe BGFIBank est la bonne car elle permet d’assurer un excellent niveau de performance et garantit la pérennité du Groupe BGFIBank.
AE : Justement, BGFIBank est présent dans 5 pays de la CEEAC et 3 de la CEDEAO. Selon vous, dans lequel de ces deux ensembles le climat des affaires est-il le plus favorable au secteur bancaire ?
HCO : Le Groupe BGFIBank est présent aujourd’hui dans 6 pays en zone CEEAC et dans 3 pays en zone CEDEAO. Ces deux zones présentent pour nous des avantages et le climat des affaires reste favorable pour nos activités. Dans ces deux zones, nous exerçons nos activités avec des fortunes différentes. Chaque ensemble sous régional a ses avantages et ses points d’amélioration potentiels. La politique de diversification géographique et des métiers du Groupe BGFIBank, associée à sa gestion prudentielle, lui assure constamment une maîtrise des risques qui lui garantit des performances constantes.
AE : La BEAC, au cours d'une session du comité de politique monétaire de la sous-région, a dénoncé la violation des règles prudentielles par nombre d'établissements bancaires. Quelle est la situation de BGFIBank dans ce contexte ?
HCO : Le Groupe BGFIBank entretient avec la BEAC d’excellentes relations en tant que premier Groupe Bancaire et financier de la zone CEMAC. Ce statut nous confère le respect de la règlementation dans toute sa rigueur. C’est ce que je m’efforce de porter comme engagement. Il est vrai que plusieurs établissements de crédits de notre zone ont fait l’objet d’auditions des Commissaires de la BEAC sur les problématiques des avoirs extérieurs.
AE : Toujours selon la BEAC, le système bancaire reste malgré tout globalement surliquide. Malheureusement, le ratio des crédits à l’économie reste très faible. Que faudrait-il changer pour que les banques prêtent davantage aux entreprises ?
HCO : Je vous confirme que le ratio des crédits à l’économie par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut) est très faible dans notre zone par rapport à ce qui est observé dans les pays dits développés. Il y a des évidences que nous refusons de voir. Le crédit à l’économie tire le PIB et non le contraire et c’est le crédit à la clientèle qui crée les dépôts. Par ailleurs, il faut savoir que l’activité bancaire est la plus réglementée au monde. La rigidité de la règlementation, qui fait des établissements de crédits des assujettis, leur impose des règles auxquelles ils ne peuvent se soustraire. Tant que les choses restent en l’état, le financement de l’économie sera obéré et nous ferons des petits pas pendant que les autres ont font des grands.
AE : Avec la restructuration du marché financier de la zone CEMAC, quelle stratégie va adopter BGFI Bourse pour s’adapter à cette nouvelle donne qui s’annonce très concurrentielle ?
HCO : BGFI Bourse totalise aujourd’hui plus d’une dizaine d’opérations d’envergure, ce qui conforte sa position de Leader dans le paysage boursier régional avec un large éventail de clients privés, institutionnels et étatiques sur le plan international.
En plus des opérations déjà réalisées tant au niveau national qu’à l’international, BGFI Bourse ambitionne de renforcer sa présence dans nos zones d’implantation. Le succès rencontré en Afrique centrale a valeur d’exemple et devrait pouvoir être dupliqué dans ces régions. Ce redéploiement est la traduction concrète de la transformation et de la proximité client souhaitée par le Groupe.
AE : Vous assumez désormais vous-même la présidence du Conseil d’administration de BGFIBank RDC. Est-ce à dire que cette filiale un peu turbulente est désormais sous votre étroite surveillance ?
HCO : La RDC est un pays important pour notre groupe compte tenu de sa taille et de son potentiel économique. Ces derniers mois, nous avons normalisé la gouvernance de notre BGFIBank RDC avec la nomination d’un nouveau Directeur Général, Mme Marlène NGOYI MVIDIA, et d’un nouveau Conseil d’Administration. Lorsque les choses ne vont pas comme nous le souhaitons, il est normal que le Chef endosse la veste de « Commandant en Chef » pour donner confiance et surtout affirmer l’attachement de cette filiale au Groupe BGFBank. BGFIBank RDC est sous la surveillance étroite du Groupe. Je peux vous garantir que, comme toutes les autres filiales du Groupe, BGFIBank RDC applique les règlementations édictées à la fois par la Banque Centrale du Congo et aussi par les politiques du Groupe BGFBank. Ce mode opératoire est applicable par toutes les sociétés du Groupe et je n’hésiterais pas d’appliquer les dispositions prévues en cas de manquement.
AE : A quelle étape se trouve aujourd’hui la digitalisation de votre groupe bancaire ? Et jusqu’où souhaitez-vous aller dans ce domaine ?
HCO : BGFIBank a pris le virage de la révolution digitale depuis près de cinq ans. Cela concerne aussi bien le fonctionnement lui-même de notre Groupe, à travers la transformation de nos systèmes d’informations notamment, que de nos relations avec notre clientèle avec la mise en œuvre d’une stratégie commerciale qui le place au centre de toute la dynamique commerciale ou bien encore des produits et des services que nous leur offrons. Les performances actuelles nous confortent dans notre logique du tout numérique.
AE : Quel est votre objectif numéro 1 pour l’année 2019 ?
HCO : Accélérer encore notre dynamique de croissance impulsée depuis plusieurs années, consolider notre position de leader dans le financement de nos économies , asseoir notre statut d’institution bancaire de référence à l’échelle de l’Afrique et nous développer à l’international pour toujours mieux y accompagner nos clients, tout en garantissant à nos actionnaires un rendement toujours élevé.
Propos recueillis par Dominique Flaux