(Le Nouveau Gabon) - Le Réseau Action Climat, Oxfam France et Greenpeace France, trois ONG françaises révèlent dans un rapport publié le 4 octobre, que la France produit pour l’exportation vers les pays en voie de développement des produits « très bas de gamme » comme la viande de porc, la volaille de chair et les produits laitiers. Le Gabon capte à lui seul 11 % de ces produits vendus par la France en Afrique, révèle ledit rapport. Le Gabon s’impose ainsi comme le 3e pays africain consommateur de ces produits congelés, derrière le Bénin (28 %), le Congo (13 %). Et devant la République démocratique du Congo (10 %), la Guinée (6 %).
« Le Gabon importe essentiellement des découpes congelées (ses importations de découpes congelées de dinde française ont été multipliées par trois en dix ans) », indiquent les trois ONG françaises.
Selon le rapport, la France se positionne en 2021 comme le 7e fournisseur du Gabon en abats de poulets, le 5e en abats de dinde et de poulet export. Ces trois catégories de produits congelés représentent 87 % des exportations vers l’Afrique en 2010, 96 % en 2015 et 97 % en 2021, apprend-on. L’exportation de ces produits d’élevage de la France vers l’Afrique est dominée par quelques groupes agroalimentaires comme Lactalis, Bigard ou la Cooperl.
Le principal effet négatif de ces importations, apprend-on, découle de la concurrence féroce qu’elles génèrent vis-à-vis des filières locales des pays concernés. Étant donné que les tarifs douaniers appliqués à ces produits sont très souvent avantageux pour les importateurs. « Au-delà des problèmes socio-économiques que pose cette concurrence des importations low cost en provenance de pays comme la France, ces pratiques posent des questions éthiques. On peut légitimement s’interroger sur la moralité d’une méthode consistant à exporter à bas coût dans des pays tiers des produits de faible qualité dont les consommateurs européens ne veulent pas », soutient le rapport.
Ce rapport est rendu public dans un contexte où le Gabon veut réduire de 50 % ses importations alimentaires à l’horizon 2025 et en exporter, notamment vers les pays de la zone Cemac. Et malgré les stratégies mises en place pour développer son agriculture et atteindre cet objectif, le pays d’Afrique centrale demeure très dépendant de l’extérieur sur le plan alimentaire. Au cours du premier trimestre 2022, le Gabon a dépensé la somme de 97,2 milliards de FCFA pour se ravitailler en produits alimentaires, indique le ministère de l’Économie. Dans l’ensemble, les importations de denrées alimentaires engloutissent chaque année près de 550 milliards de FCFA au Gabon selon des chiffres du ministère de l’Agriculture.
Sandrine Gaingne
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