(Le Nouveau Gabon) - Le Gabon séquestre chaque année plus de 140 millions de tonnes de carbone. Lors de la COP 27 en Égypte, 90 millions de tonnes de ces crédits carbone ont été validées de manière « définitive » par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (UNFCCC). Pourtant, ces crédits carbone peinent à être vendus sur le marché international, principalement auprès des pays occidentaux, a affirmé le ministre gabonais des Forêts au cours de la plénière d’ouverture du One Forest Summit qui s’est ouvert ce 1er mars 2023 à Libreville au Gabon.
« Ça fait trois mois que nos crédits carbone existent. Il y a le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) qui vend ces crédits. Mais, au niveau des États on n’a pas remarqué un grand engouement même si on a signé des accords internationaux au niveau de Paris. Le secteur privé vient nous voir et on est en négociations, mais, on est très déçu de la réaction des États », a déploré Lee White. En effet, « dès que le Gabon lance les discussions sur ses millions de crédits carbone avec les pays occidentaux, c’est silence radio », se plaint le ministre Lee White. Et pourtant, d’après Francis James, représentant résident du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), les crédits carbone du Gabon sont de bonne qualité.
Selon Akim Daouda, l’administrateur directeur général du FGIS, la vente de ces crédits carbone aurait permis au Gabon de préserver la nature, de créer des emplois et de maintenir ce stock de carbone aussi élevé qu’il est, car ça coute de l’argent et des investissements de conserver sa forêt intacte. En effet, la vente des 90 millions de tonnes de crédits carbone aurait pu rapporter au Gabon environ 1,26 milliard de dollars soit 773,39 milliards de FCFA, le prix de la tonne de carbone étant estimé à environ 14 dollars sur le marché international selon le ministre gabonais des Forêts dans un récent entretien.
Le Gabon séquestre annuellement l’équivalent de 140 millions de tonnes de carbone, alors qu’il n’en émet que 35 millions. Fort de cette différence de plus de 100 millions de tonnes de carbone, le Gabon ambitionne de vendre ses crédits carbone aux entreprises et États qui en ont besoin.
Le Gabon a néanmoins vu ses efforts récompensés en juin 2021 par la Norvège. Ce pays européen avait décidé de lui octroyer un financement de 17 millions de dollars, soit environ 9,3 milliards de FCFA, pour son engagement en faveur de la protection de ses forêts. Cette enveloppe représente la contrepartie du carbone supplémentaire séquestré entre 2016 et 2017, grâce aux mesures mises en œuvre par le gouvernement gabonais dans le but de lutter contre la déforestation et limiter les dérèglements climatiques.
Sandrine Gaingne
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