(Le Nouveau Gabon) - A quelques semaines des élections générales au Gabon, le gouvernement se dit prêt à accompagner le processus électoral dans une atmosphère calme et apaisée pour éviter notamment les violences postélectorales survenues en 2016 dans le pays après l’annonce de la réélection du président Ali Bongo Ondimba, candidat à un 3e mandat à la tête du pays. « Cet apaisement, c’est le climat préélectoral, le climat électoral et le climat postélectoral. Le gouvernement est à vos côtés pour vous aider à remplir vos missions telles que prévues par les textes », a annoncé le Premier ministre, Alain-Claude Bilie-By-Nze (photo) qui a reçu les responsables de la Haute autorité de la communication (HAC) et du Centre gabonais des élections (CGE) jeudi 20 juillet, à la faveur de deux séances de travail distinctes.
Au cours de la rencontre avec la HAC, le chef du gouvernement a déclaré que la contribution de cet organisme de régulation de la communication dans le processus électoral du pays est « une priorité » pour les instances les plus hautes de la République. « Cet échange a permis au chef du gouvernement d’être au fait du niveau de préparation et des besoins de cette institution chargée de garantir l’accès équitable de tous les candidats aux médias publics et le respect de l’éthique et de la déontologie par les journalistes quant au traitement de l’information », indique la Primature sur sa page Facebook. À ce propos, le président de la HAC, Germain Ngoyo Moussavou, assure que tous les candidats, notamment ceux en lice pour l’élection présidentielle, seront traités sur un même pied d’égalité.
« Nous allons déjà veiller au respect du passage dans tous les médias des différents candidats. Le temps d’antenne par exemple sera le même pour tout le monde, qu’on soit un candidat d’un petit parti politique ou un candidat d’un parti beaucoup plus important. Sur le terrain, nous allons déployer des équipes de journalistes qui vont couvrir la campagne électorale des différents candidats, mais aussi le déroulement des élections le jour J », dit-il, dans des propos rapportés par la chaîne publique Gabon 24.
Les échanges entre le Premier ministre et le bureau du CGE ont tourné autour de l’effectivité du processus électoral et sur les éléments sur lesquels le gouvernement devrait accompagner l’institution pour faire en « sorte de conduire le pays dans un climat de sérénité afin d’aboutir à des lendemains apaisés », d’après la Primature. Le président du CGE, Michel Stéphane Bonda, rassure sur le bon déroulement des opérations sur le terrain : « Nous avons déployé nos différentes commissions électorales pour collecter l’ensemble des candidatures qui se sont déclarées sur l’ensemble du territoire national. Actuellement, nous sommes dans l’examen de toutes les candidatures qui ont été collectées par les 87 commissions électorales ».
« Enveloppe poubelle »
Le Gabon organise le 26 août prochain et pour la première fois depuis 63 ans d’indépendance, trois scrutins majeurs, à savoir les élections présidentielle, législatives et locales. Selon les dispositions de la loi 7/96 portant disposition commune à toutes les élections politiques modifiées, en son article 7, la préparation, l’administration et l’organisation des élections incombent respectivement à l’administration sous l’autorité du ministre de l’Intérieur et au CGE. Mais le processus électoral est décrié par une partie de l’opposition, suite aux récentes modifications du Code électoral. L’un des points au cœur de la discorde est la suppression de l’enveloppe accolée à celle servant aux électeurs à mettre les bulletins de leurs candidats, dite « enveloppe poubelle ».
Celle-ci permettait jusque-là aux électeurs d’y laisser les bulletins des candidats qu’ils n’ont pas choisis, leur évitant ainsi de sortir avec le bulletin desdits candidats. Michel Stéphane Bonda, le président du CGE, affirme que la suppression de cette enveloppe a été demandée par des acteurs politiques de l’opposition via un mémorandum adressé en mai 2022 à la Cour constitutionnelle. « La demande était précise. C’était la suppression de l’enveloppe accolée avec l’introduction du bulletin unique. Donc, si c’est notre doléance que le gouvernement a prise, il aurait dû la prendre complètement, pas à moitié. Ce que nous craignons, c’est l’achat des consciences et l’achat des votes. Le vote doit être secret, et il n’est pas normal que contre des espèces, on puisse trahir son vote », a déclaré à RFI le député et vice-président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) Jean Robert Goulongana, par ailleurs membre de la « Plate-forme Alternance 2023 ».
Cette plateforme se positionne comme une alternative au pouvoir politique en place au Gabon. Le CGE soutient avoir pris cette demande dans le but de faciliter les opérations de vote. L’institution rappelle que son président a cette prérogative de procéder à des « améliorations du corpus électoral », notamment dans la pratique électorale. Ce, conformément à l’article 14d de la loi 7/96. « Le CGE a donc jugé opportun de proposer des améliorations et des amendements aux fins de fluidifier l’acte de vote et faire que les opérations électorales se déroulent sans trop d’encombrement pour permettre [aux] électeurs de pouvoir voter normalement », selon l'institution.
Patricia Ngo Ngouem
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