(Le Nouveau Gabon) - La situation est désormais tendue entre le Gabon et la République démocratique du Congo (RDC). Les deux pays s’opposent au sujet d’un siège de membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
À quelques jours de l’élection prévue le 11 juin prochain au cours de l’Assemblée générale de l’ONU, Libreville s’offusque contre les manœuvres diplomatiques de Félix Tshisekedi. Le président congolais veut imposer la candidature de son pays pour le compte de la sous-région Afrique centrale à qui un siège est réservé pour la période 2022-2023.
Croc-en-jambe
Dans le camp d’Ali Bongo, la démarche congolaise est assimilée à un croc-en-jambe diplomatique à l’encontre du Gabon dont la candidature avait déjà été validée par l’Union africaine lors de la 38e session ordinaire de son Conseil exécutif tenue en février dernier à Addis Abeba (Éthiopie).
Cette décision est d’autant plus inattaquable que le Gabon a été le seul pays d’Afrique centrale à déposer sa candidature dans « les formes requises et dans les délais impartis », insiste Libreville. De plus, au sein du groupe africain de New-York, les trois pays (Gabon, Tchad et RDC) s’étaient préalablement engagés par un accord formel, sous les auspices du doyen des ambassadeurs à l’ONU, à soutenir la candidature qui sera endossée par le Comité ministériel des candidatures de l’Union africaine.
Illégitimité
Pour l’ambassadeur du Gabon auprès de l’UA, Hermann Immongault, la candidature de la RDC est donc pour le moins illégitime et remet en cause le leadership de l’Union africaine ainsi que les textes de l’institution présidée depuis février dernier par Félix Tshisekedi. Car, l’UA avait pris la décision de valider préalablement les candidatures africaines avant les élections des membres du Conseil pour éviter que les pays aillent à ces élections en rangs dispersés. « L’UA fait désormais le choix strict du respect de ses textes... En toute légalité. En toute légitimité », a écrit le diplomate dans un tweet posté ce 3 juin.
4/4: UA fait désormais choix strict respect d ses textes, remise en quest°d sa gouvernance, mise en conformité d son leadership pr faire correspondre ses ambit°s aux enjeux d l'heure.C "L' Afrique k nous voulons".Et le Gabon y joue sa partit°.En tte légalité. En tte légitimité.
— Immongault Hermann (@ImmongaultH) June 3, 2021
La sortie de l’ambassadeur du Gabon auprès de l’UA intervient alors qu’une mission de la RDC séjourne depuis le 29 mai à Washington dans le but de mener campagne auprès du collège électoral et obtenir leur vote le 11 juin prochain, apprend-on dans Jeune Afrique.
Mais, les autorités gabonaises espèrent que ces manœuvres de la RDC ne vont pas prospérer et que force doit revenir au choix de l’UA. « Cette action de la RDC nuit à l’image de l’Afrique et l’on pourrait assister à une bataille comme celle menée par Djibouti et le Kenya en 2019. Alors que le Kenya avait bénéficié du soutien de l’Union africaine, Djibouti a voulu faire un passage en force. Finalement, c’est le Kenya qui a gagné. J’espère que le Gabon gagnera cette bataille », souligne un homme politique.
Atouts
Dans tous les cas au sein de l’Union africaine, le Gabon garde ses atouts surtout au regard du critère d’équitable distribution géographique qui a toujours prévalu en matière de déploiement au sein du système des Nations unies où Libreville « est manifestement moins loti » que Kinshasha. Actuellement, le Gabon ne dispose que de deux mandats électifs au sein du système international (membre de l’Ecosoc depuis 2020 et du Conseil des droits de l’Homme depuis 2021), alors que la RDC dispose de beaucoup plus de mandats sur la scène multilatérale. Notamment au Conseil des droits de l’Homme, à la Commission pour la population et développement, au Conseil d’administration de UNWomen auxquels s’ajoute la présidence en exercice de l’Union africaine.
Le Conseil de sécurité des Nations unies est composé de 10 sièges non permanents qui sont renouvelés par moitié tous les ans. Parmi lesquels trois sièges pour le groupe des États d’Afrique. Le Ghana et le Gabon ont été plébiscités cette année par l’UA pour représenter l’Afrique, en attendant les votes de l’Assemblée générale de l’ONU.
Rebelote
Le siège convoité à l’ONU n’est pas la seule question qui oppose le Gabon et la RDC. En effet, les deux pays ont récemment bataillé à la Confédération africaine de football (CAF) dans l’affaire Kanga Guelor opposant la Fédération congolaise de football association (Fecofa) à la Fédération gabonaise de football (Fegafoot).
Cette affaire née d’une plainte portée par la RDC à la CAF pointant une fraude qui aurait été orchestrée sur l’identité de Kanga Guelor enregistré comme un citoyen gabonais par la Fegafoot. La RDC demandait purement et simplement la disqualification du Gabon pour la phase finale de la Coupe d’Afrique des nations prévue au Cameroun en 2022. Finalement, le Gabon est sorti vainqueur au détriment de la RDC.
Sandrine Gaingne
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