(Le Nouveau Gabon) - Au cours du mois de mars 2021, les opérations hebdomadaires d’injection de liquidité dans le système bancaire, effectuées par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), ont permis de mettre à la disposition des établissements de crédits de cet espace communautaire à six États (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad), une enveloppe record de 1 213 milliards de FCFA.
« Les établissements de crédits de la sous-région n’avaient jamais capté autant de ressources lors des opérations hebdomadaires d’injection de liquidités de la banque centrale sur une période d’un mois », fait remarquer la Caisse autonome d’amortissement (CAA) dans son dernier rapport sur la dette publique du Cameroun à fin mars 2021.
En effet, alors qu’il a été plutôt morose tout au long de l’année 2020, avec seulement une mobilisation hebdomadaire variant de 30 à 80 milliards de FCFA, sur une offre de 250 milliards de FCFA à chaque opération, ce mécanisme de refinancement des banques commerciales par la banque centrale des pays de la Cemac enregistre un franc succès depuis le début de l’année 2021.
Coronavirus
Cet engouement des banques pour la liquidité est tel que la demande dépasse de plus en plus l’offre. Ce qui laisse désormais penser que la banque centrale pourrait bientôt revoir à la hausse son offre hebdomadaire (le Comité de politique monétaire du 27 mars 2020 a prévu de porter l’enveloppe de 250 à 500 milliards de FCFA en cas de besoin, NDLR). Ceci, non seulement pour oxygéner davantage les banques en quête de plus de liquidité, mais aussi tirer quelques dividendes de ces opérations, qui sont tout de même assorties d’un taux d’intérêt tournant autour de 3,25%, principal taux directeur de la Beac.
Le dynamisme observé autour du refinancement bancaire auprès de la Beac n’est pas expliqué par la banque centrale. Mais, les banquiers ont souvent indiqué que les établissements de crédit sollicitent la liquidité lorsque leurs besoins sont supérieurs à leur consommation habituelle. Cette hausse de la consommation de la liquidité en ce début d’année peut, de ce fait, s’expliquer par la reprise progressive des activités économiques, malgré la 2e vague du coronavirus, pandémie qui a plombé les économies de la Cemac au cours de l’année 2020.
Pour rappel, alors qu’elle était en train de les suspendre pour les remplacer par des ponctions dans les coffres-forts des établissements de crédit, la Beac avait dû reprendre ses opérations hebdomadaires d’injection de liquidité dans les banques commerciales en mars 2020, au lendemain de l’annonce des premiers cas de coronavirus dans les pays de la Cemac. Ce rétropédalage, qui répondait aux vœux des opérateurs économiques (Gicam) et des banquiers (Apeccam), avait alors été présenté comme une mesure de riposte à la crise sanitaire naissante, qui a finalement dégénéré en crise économique.
Brice R. Mbodiam
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