Trafic d’espèces sauvages : le Gabon et le Costa Rica plaident pour la modification du droit pénal international

Agro & Bois
lundi, 17 mai 2021 12:50
Trafic d’espèces sauvages : le Gabon et le Costa Rica plaident pour la modification du droit pénal international

(Le Nouveau Gabon) - Les présidents Ali Bongo Ondimba du Gabon et Carlos Alvarado Quesada du Costa Rica ont, dans une tribune libre commune, appelé à la signature d’un nouvel accord mondial pour lutter contre le trafic des espèces sauvages. De manière précise, les deux pays demandent que la prévention et la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages soient intégrées dans le cadre du droit pénal international à travers l’élaboration d’un nouvel accord mondial, à savoir un nouvel accord sur la criminalité des espèces sauvages, prenant la forme d’un quatrième protocole à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée (UNTOC) contre le trafic illicite de la faune et de la flore sauvages. Les trois protocoles existants portent sur la traite des personnes, le trafic illicite de migrants et la fabrication et le trafic illicite d’armes à feu.

« Nous demandons à toutes les nations de travailler avec nous pour faire en sorte que les avantages dont nous bénéficions grâce à la vie sauvage profitent aux communautés locales, aux investisseurs légitimes et aux budgets nationaux des pays sources, et non aux groupes criminels transnationaux… Il est temps de traiter les crimes contre la faune sauvage comme les crimes graves et hautement destructeurs qu’ils constituent », déclarent les présidents Ali Bongo Ondimba et Carlos Alvarado Quesada.

D’après les deux dirigeants, la criminalité liée aux espèces sauvages constitue une grave menace pour la santé humaine et animale et conduit d’innombrables espèces vers l’extinction, dégrade les écosystèmes et leur capacité à piéger le carbone. Au Gabon, par exemple, on a assisté à la diminution de 80% de la population d’éléphants de forêt du parc national de Minkebe en dix ans (entre 2004 et 2014), selon les données officielles. Ce qui constitue un revers considérable pour la préservation de cette espèce étant donné que, selon les mêmes sources, près de 50% des éléphants de forêt d’Afrique centrale résideraient au Gabon.

Par ailleurs, ce trafic a un impact économique et financier. Car, ce trafic « prive les gouvernements de revenus indispensables et exacerbe la corruption, l’insécurité et la pauvreté. La Banque mondiale estime la valeur du trafic d’espèces sauvages à un montant stupéfiant de 1 à 2 000 milliards de dollars par an. La perte soudaine et dramatique des revenus du tourisme animalier en 2020 a décimé les emplois et les moyens de subsistance, et a entraîné une diminution du financement des efforts de conservation, rendant la faune sauvage plus vulnérable au braconnage », indiquent les présidents Ali Bongo Ondimba et Carlos Alvarado Quesada. Et le quatrième protocole pourrait donc réduire les pertes de recettes enregistrées par les États à cause de ce phénomène.

Les deux dirigeants soutiennent que des efforts sont déjà faits par leurs pays respectifs pour lutter contre le phénomène. Cependant, ils restent insuffisants. Le Costa Rica et le Gabon se trouvent à 10 000 kilomètres l’un de l’autre, mais possèdent une biodiversité importante et se revendiquent leaders mondiaux dans la promotion de la conservation de la nature. Ils sont tous deux membres de la Coalition haute ambition pour la nature et les personnes, une coalition de plus de 60 pays interrégionaux qui défendent la protection de 30% des terres et de 30% des océans de la planète d’ici à 2030.

Sandrine Gaingne

 
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